Pendant que le sénat se transformait en un gigantesque vaudeville, le laboratoire de l’Inrb continuait à tourner à plein régime. Résultat hier soir : 72 cas positifs, ce qui plonge le pays à un cumul de 572 cas positifs de covid-19.
72 cas positifs en une journée, cela devrait faire réfléchir les dirigeants du pays. Ces derniers étaient pourtant trop occupés à gérer des situations ubuesques. Le sénat désacralisé par une affaire dite de mœurs doublée d’un soupçon, simple soupçon d’un présumé marché de travaux conclu dans des conditions peu orthodoxes selon la sénatrice Goya.
Le président du sénat s’en défend, mais livre au passage quelques secrets d’une approche pas très orthodoxe non plus de la sénatrice. Les révélations du président de la chambre haute du parlement ont fait plus de mal que du bien à l’image du sénat, considéré comme l’institution des sages, la plénière d’hier s’étant même terminée en queue de poisson.
Avant cet épisode qui fait passer la politique congolaise pour une scène de guignols, on a assisté à des uppercuts du premier ministre contre la ministre de la fonction publique et le directeur de cabinet adjoint du président de la République. Dans deux missives bien chaudes, Sylvestre Ilunga Ilunkamba met le holà à la polémique, mieux la guéguerre entre ces deux personnalités sur l’arrêté ministériel portant affectation des secrétaires généraux. Le locataire de la primature a tranché : la ministre est priée de rapporter son arrêté et le directeur de cabinet adjoint du président est appelé dorénavant à s’adresser au premier ministre au lieu de donner des injonctions fussent-elles du président de la République, directement aux membres de son gouvernement. Hier soir, un communiqué du cabinet de la ministre de la fonction publique annonçait que cette dernière rapportait son arrêté. Les plus futés attendent tout de même, parallélisme des formes oblige, de la ministre qu’elle signe un arrêté qui annule celui querellé.

Voilà, où on en était hier soir avant que l’Inrb annonce ce qui devait constituer un tournant dans la lutte contre la pandémie du covid-19 en RDC. 72 nouveaux cas positifs en une journée, cela voudrait donc dire que le pays s’approche du pic de l’épidémie. Celui-ci devrait, semble-t-il, intervenir au courant de ce mois de mai.
C’est le moment pour les autorités sanitaires, politiques et administratives de rappeler aux Congolais la nécessité de respecter, scrupuleusement, les gestes barrières pour contrer la propagation du covid-19. Si le lavage fréquent et régulier des mains est plus ou moins respecté dans certains lieux, la distanciation sociale ne l’est plus. Dans les marchés, les boutiques, les banques, les arrêts de bus et les transports en commun, les Kinois se comportent comme si le nouveau coronavirus ne sévissait pas dans le pays. Quant au port du masque rendu pourtant obligatoire par un arrêté du gouverneur de la ville, il est devenu volontaire, aléatoire. La majorité des Kinois n’en portent pas et ceux qui en ont le mettent sous le menton ou le tiennent par la main, comme s’ils exhibaient un trophée. Pendant ce temps, les wewa (transporteurs de moto-taxis) et pas que eux, réutilisent les masques de fabrication locale sans préalablement les laver, ce qui les expose à la contamination au covid-19 s’il se retrouvait dans leur environnement.
Au sujet du masque et autres gestes barrières, le chef de la police de Kinshasa a annoncé l’intensification des contrôles dès aujourd’hui. Espérons que cela va se passer dans le calme et donc sans bavures.
Mona Kumbu