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À la découverte de l’incontournable commerce du « makala » à Kinshasa

Le charbon de braise appelé « makala » en lingala est la principale matière qu’utilisent les Kinois pour la cuisson des aliments. C’est la conséquence logique du manque de courant électrique continu dans la ville de Kinshasa. Cet poudreuse « noire » dicte sa loi dans tous les ménages kinois. Cette position permet aux vendeurs, à leur tour, d’imposer les prix du Makala au gré de leurs humeurs. Zoom sur une des activités commerciales la plus commune de Kinshasa.
Commune de Ngaba, il est 9 heures au marché de Ngaba communément appelé « Wenze ya Ngaba », située sur l’avenue Kianza. C’est le moment que choisi Mireille, tenancière d’une gargote communément désigné par le terme « malewa » en lingala, pour s’approvisionner en « braises » pour les différentes cuissons de la journée. Ici, le sac de charbon est vendu entre 19.000 et 25.000 FC selon la qualité. Le prix ne répond à aucune logique et dépend d’un commerçant à un autre et surtout du principe de l’offre et de la demande. “Un sac vendu à 25.000 Fc peut revenir à 27.000 Fc (30 USD) 30 minutes plus tard si la demande est plus forte que l’offre », explique Mama Tina, vendeuse de « makala » depuis près de 5 ans. De son côté les vendeur justifient ces prix par la multiplicité des taxes. Faustin Kasa, vendeur de « makala » explique : « Je suis commerçant et vendeur de charbon depuis 4 ans mais, je n’arrive pas à constituer un bon capital ni de bénéfice réel ». Il s’approvisionne dans un village à près de 100 km de Kinshasa. «  Au village, raconte ce licencié en économie, le sac de braise coûte 7000 Fc. Ce qui nous tue, ce sont les taxes et le coût de transport qui reviennent à plus de 7000 Fc. A cela, il faut ajouter les frais de dépôt qui vont jusqu’à 1000 Fc, le sac ». Et si par malheur, les sacs de braise ne sont pas écoulés, les vendeurs sont tout de même obligés de payer ces fameux frais de dépôt. « Cette situation ne permet pas à un commerçant d’évoluer », explique-t-il. Une des raisons de plus qui justifient le coût élevé des sacs de « makala » est l’ajustement des prix au taux du dollar fluctuant. « Demain si j’ai un bon travail, je ne vais plus continuer à faire ça, aucun avenir avec ce travail», déclare Faustin, licencié en sciences politiques et administratives de l’Université de Kinshasa et vendeur de sac de Makala. Ce dernier reconnait, en outre, que ces multiples réajustements ne profite aucunement aux clients. « Auparavant, avec 9 ou 11.000 Fc on pouvait s’approprier un sac de braise. Actuellement, un sac coûte 25.000 Fc voire 27.000 Fc (30 USD) », regrette Mme Nzuzi, une ménagère de la commune de Ngaba. Elle en est arrivée à acheter un sac avec deux ou trois autres de ces voisines pour minimiser le coût et ainsi obtenir un peu plus de braise que l’achat au détail.
Inquiétudes des porteurs
Les porteurs sont également ceux qui facilitent les acheteurs à transporter leur marchandise jusqu’à destination. Parmi eux il y a aussi des femmes. Papa Maseba, porteur, pense que son activité journalière ne fait que régresser. « Nous sentons une différence actuellement dans notre activité. La plupart des clientes n’optent que pour le tiers du sac », regrette Papa Manseba. Ce dernier s’en plaint fortement. « Je préfère transporter un sac entier pour avoir 2.500 Fc par convoi que 1000 Fc afin de me permettre de résoudre au moins la moitié de mes problèmes ». Or, constate-t-il, « à cause de la crise, les gens achètent la moitié ou le tiers du sac, pire encore ils préfèrent transporter seuls leur colis.On est foutu ».
Les incontournables « Maman Bikabola »
Si les clientes ont pu trouver une alternative aux porteurs, ce n’est pas évident pour elles de contourner « les mamans bikabola (ndlr : les mamans qui partagent). Elles sont postées au bas des camions à l’affut des sacs de makala pour diviser les contenus des sacs selon la demande. Postées dès 6 heures du matin, leur travail consiste à héler les potentiels clients, réunir les personnes incapables d’acheter un sac en entier et les conduire au commerçant. Mais ce n’est pas tout !Ces femmes « inspirées » choisissent le makala de bonne qualité pour les partager équitablement selon la demande des acheteurs pour éviter toutes réclamations. Une sorte de police du makala ! Wivine, « maman bikabola » raconte : « Je fais ce travail depuis des années. Mes enfants étudient et sont nourris grâce à ça. Le seul bénéfice que j’en tire est le reste du charbon après chaque partage. J’ai fidélisé certains de mes clients, souvent des revendeurs. J’ai intérêt à choisir la bonne marchandise pour qu’ils ne soient pas déçus. À la fin de la journée, je me retrouve avec les fonds des sacs de makala que je revend à mon tour ».
Les « mamans bikabola sont aujourd’hui presque indissociables des propriétaires des sacs de Makala. Jean Bombi, grossiste, déclare : « Les mamans bikabola nous aident beaucoup car ce sont elles qui nous amènent des clients ». Les grossistes vont jusqu’à récompenser celles qui viennent avec le plus de clients d’un montant variant entre 1000 et 1500 Fc (près d’un dollar américain).
Génie Mulobo

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