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A quel saint nous vouer ?

Imaginez la scène. Vous êtes sur le boulevard du 30 juin, l’avenue des Champs Elysées congolais, au cœur de la zone administrative et là où siègent les institutions, un samedi matin, faisant votre jogging hebdomadaire. Les véhicules roulent dans les deux sens, une foule de passants se dirige dans toutes les directions.
Déterminé à éliminer tout le cholestérol et le stress accumulés au cours de la semaine, vous accélérez la foulée tout en écoutant votre cœur et votre respiration. Vous n’avez pas eu le temps de voir surgir, au coin de l’avenue qui conduit vers l’Hôtel Memling, un groupe d’une vingtaine de jeunes Shegues, 16 ans de moyenne d’âge – les plus dangereux – revenant de Dieu sait de quel coup. Les regards qu’ils braquent sur vous vous font comprendre que vous êtes une cible potentielle.
Cela m’est arrivé il y a quelques jours. L’un d’entre ces jeunes sans foi ni loi me faisait déjà des signes. Ce qui risquait d’attirer l’attention de tous les autres. Pris de panique, j’ai accéléré. En fin de compte, il a sans doute compris qu’il ne pouvait rien tirer d’un marcheur sans poche. Et il a poursuivi sa route avec les autres.
Rien ne m’est arrivé, en dehors des sueurs froides qui ont coulé dans une fraction de seconde. Mais j’ai entendu des récits de tant de personnes qui se sont fait agresser sur cette avenue des Champs Elysées congolais, en plein jour, au vu et au su des passants et des forces de l’ordre. Et le point commun entre la plupart de ces victimes c’est qu’elles n’ont été ni aidées, ni secourues. Alerter la police ? Ce serait perdre son temps avec peu d’espoir de voir la justice être dite.
Ainsi, ces jeunes délinquants opèrent en toute impunité au nez et à la barbe des autorités locales. Quand on se souvient que le Bourgmestre de la Commune de Gombe a osé affirmer dans une interview à la radio que sa juridiction était la plus sure de la ville !!!
Si au cœur du centre administratif, avec tous ces postes de police installés, les caméras de surveillance, les jeeps des escadrons mobiles et les cortèges surarmés de leurs Excellences, le paisible citoyen se fait agresser sans recours, sans protection, imaginez ce qui se passe dans le reste de la ville. Et encore plus dans les coins les plus reculés du pays, où il n’y a pas d’ONG de droits de l’homme ni de médias pour dénoncer.
Alors, quand les autorités locales clament urbi et orbi que la sécurisation de la population figure parmi leurs priorités, je me garde de sourire ou de m’énerver. Peut-être qu’avec l’alternance…

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