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Abolition de la peine de mort : de chaudes empoignades attendues au palais du peuple

Des malfaiteurs condamnés à la peine de mort. Cela arrive de plus en plus face à la montée de la criminalité dans les grandes villes du pays, particulièrement à Kinshasa où des bandes de gangs appelés « kuluna » terrorisent la population, parfois en plein jour, ravissent des biens, blessent des personnes qu’ils rencontrent sur leur chemin. Des bandits autrement plus organisés et plus dangereux, circulant à bord de voitures peintes en jaune comme le sont les taxis à Kinshasa, enlèvent des gens, leur extorquent des biens de valeur, vident leurs comptes mobile money, ravissent leurs cartes bancaires qu’ils utilisent pour vider les comptes de leurs victimes avant de les abandonner dans des endroits déserts après leur avoir fait subir les pires exactions à bord de ces véhicules. Difficile de les arrêter parce que les véhicules utilisés pour perpétrer ces actes sont peints en jaune. Les victimes y montent comme dans un taxi ordinaire et s’y retrouvent coincées, trimbalées à travers la ville, totalement dépouillées, parfois battues et abandonnées dans la rue privées de tout.

Madame Jolie Tshala n’a pas eu cette « chance ». Le 25 août dernier, elle était montée dans une voiture, une Toyota IST généralement appelée« ketch », qu’elle croyait être un taxi. A bord, outre le chauffeur, trois autres personnes dont une femme. A l’aide de tessons de bouteilles, les malfrats avaient sauvagement mutilé la dame après lui avoir ravi une forte somme d’argent. Arrêtés quelques jours après leur forfait, les malfrats avaient reconnu avoir pris 21.000 $US sur la dame, alors que la famille de la victime parlait d’au moins 40.000 $US, fruit des affaires de la défunte. Malgré le butin, les malfrats avaient tué la dame et jeté son corps dans un tunnel d’une rue de la commune de Matete.

Jugés le 09 octobre dernier en procédure de flagrance en audience publique, les cinq bandits kidnappeurs ont été reconnus coupables d’enlèvement, association des malfaiteurs, extorsions et meurtre. L’audience publique s’est clôturée par un verdict à la mesure du forfait : tous condamnés à la peine de mort.
Bien que condamnés à mort, les cinq malfaiteurs ne seront sans doute pas exécutés au regard du moratoire sur la peine de mort datant de 2003. Comme tant d’autres condamnés avant eux à la peine de mort, ils resteront en prison pour le restant de leur vie, la peine de mort étant commuée quasi automatiquement en peine de prison à perpétuité.

Abolir ou pas ?

Ce meurtre et tant d’autres actes de criminalité a remis sur la table le débat sur l’application, le maintien ou l’abolition de la peine de mort en RDC. Le moratoire institué en janvier 2003 fait débat. Ce débat va sans doute être relancé à la faveur de l’examen d’une proposition de loi du député national André Mbata Betukumesu. Cette proposition de loi porte abolition de la peine de mort en RDC. A en croire le professeur Mbata, 41 sur les 55 pays membres de l’Union africaine n’exécutent plus la peine de mort, qui a été ainsi abolie de droit ou de fait. Pour lui, la RDC ne tire aucun intérêt à maintenir dans son arsenal juridique une peine non appliquée depuis 2003. Selon les informations recoupées de diverses sources, le député Mbata avait déjà fait une proposition analogue au cours de la législature 2006-2011, mais l’assemblée avait jugé inopportune sa démarche. Elu de nouveau député national pour la présente législature, professeur Mbata revient à la charge, estimant que la « peine de mort porte irrémédiablement atteinte au droit à la vie et à l’intégrité physique ». Pour lui, elle constitue « l’acte le plus cruel et le traitement le plus inhumain et le plus dégradant qui soit infligé à une personne humaine, quelles qu’en soient les raisons, et un crime contre la civilisation ».

Voilà qui annonce de bien chaudes empoignades au palais du peuple au regard du contexte congolais. On a du reste appris que le gouvernement envisagerait, lui aussi, de présenter un projet de loi allant dans le même sens. Plutôt que d’une loi particulière portant abolition de la peine de mort, le gouvernement s’orienterait pour une modification du code pénal, en y supprimant la peine de mort.
Le chemin reste long, très long avant d’aboutir à l’abolition de la peine de mort. Les Congolais sont encore loin d’admettre une évolution aussi brusque que brutale. Les crimes les plus atroces devraient, à leurs yeux, être sanctionnés à la mesure des drames que vivent les familles et proches des victimes des tueries et assassinats.
Même si la peine de mort ne dissuade pas les criminels de passer à l’acte, elle a néanmoins le mérite d’exister et de consoler d’une façon ou d’une autre, les familles et proches privés d’un être cher. Bien plus, que penseraient les populations de l’Est du pays où se commettent quasiment quotidiennement des massacres face à une telle évolution brusque ?
Une campagne d’explication devrait être menée en vue de débattre de la question. Certains suggèrent même l’organisation d’un referendum pour que le peuple puisse trancher.

FMK

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