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Thomas Luhaka Losendjola, ancien ministre des Infrastructures de la RDC, a écrit une lettre ouverte à la ministre des Affaires étrangères. Dans cette correspondance datée du 4 juillet 2025, il exprime ses vives inquiétudes au sujet de l’Accord de paix signé à Washington entre la RDC et le Rwanda.
Il commence par saluer le travail de la ministre qu’il suit « attentivement depuis plusieurs mois ». Il reconnaît son engagement et son professionnalisme, mais affirme que « par devoir républicain », il se doit de faire entendre sa voix.
Pour Thomas Luhaka, la signature de l’Accord de Washington marque un tournant négatif dans la politique diplomatique congolaise. Il rappelle qu’en février 2025, la RDC avait obtenu une victoire à l’ONU avec l’adoption de la résolution 2773. Ce texte exigeait clairement et sans condition le retrait immédiat des troupes rwandaises du territoire congolais.
Mais selon lui, l’Accord de Washington remet tout cela en question. « Vous êtes allé engager la République, paradoxalement, dans un Accord qui conditionne maintenant le retrait des Forces de Défense Rwandaise du territoire national à la lutte et à la neutralisation des FDLR par la RDC », déplore-t-il.
Il regrette que l’application directe de la résolution 2773 ait été remplacée par une simple promesse d’« avancer vers sa mise en œuvre ». Il parle d’un « bradage pur et simple et une banalisation de la résolution 2773 ».
Il critique également l’intégration du Plan harmonisé de Luanda, signé en octobre 2024, dans l’Accord de Washington. Ce plan lie le retrait des troupes rwandaises à la neutralisation des FDLR, sur une période de 90 jours, répartie en quatre phases.
À ce sujet, Luhaka pose trois questions : « Avez-vous conscience que les FDLR sont une nébuleuse ? Pourquoi avoir accepté ce plan qui annule les acquis de la résolution 2773 ? Et dois-je comprendre que tant que les FDLR ne sont pas neutralisés, les RDF resteront sur le sol congolais ? »
Il accuse ensuite l’Accord de Washington de valider la version rwandaise, qui affirme que la RDC soutient les FDLR. Il cite un passage du texte qui parle de « la fin irréversible et vérifiable du soutien de l’État aux FDLR ». Selon lui, cette phrase revient à reconnaître officiellement une chose que Kinshasa a toujours niée.
Il met également en doute l’engagement réel des États-Unis, pourtant parrains de l’Accord. Il relève une précision dans le texte qui dit que « le présent Accord ne crée aucune obligation pour les États non parties siégeant au Comité de surveillance conjointe », comme les États-Unis ou le Qatar.
« Comme parrain de l’Accord, n’ont-ils même pas l’obligation morale de veiller à l’application de bonne foi des dispositions de l’Accord ? », interroge-t-il.
Thomas Luhaka conclut sa lettre en disant que cet Accord n’apporte pas d’avancée pour la RDC. Il énumère trois points qu’il juge graves : la perte de la résolution 2773, le retrait conditionnel de l’armée rwandaise et la reconnaissance implicite d’un soutien aux FDLR.
« Je m’excuse par avance d’avoir abusé de votre précieux temps… Mais comptant sur votre esprit républicain, j’espère que vous rencontrerez mes préoccupations », écrit-il pour terminer.
Elie Ngandu
