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Aéroport de N'Djili : Un bien bel ouvrage mais si peu accessible

17 heures… un dimanche un peu spécial avec le 8ème de finale opposant nos Léopards à l’équipe de Madagascar. Beaucoup de jeunes arborent fièrement la vareuse aux couleurs de la République. Les terrasses débordent de spectateurs-consommateurs, prêts à s’enflammer pour les exploits d’un Bakambu ou d’un Chancel. Cette fois-ci, il ne s’agit plus d’être le moins mauvais perdant ; il faut gagner !

Mais là n’est pas notre sujet : c’est le jour que j’ai choisi pour voyager sur Paris par le vol Air-France de 21h05. Il est 17 heures donc, sur 24 Novembre, quand le chauffeur nous embarque ma femme et moi avec nos bagages. Air France nous a prévenu par mail : vous devez quitter chez vous 3 à 4 heures à l’avance à cause des risques de bouchon. Le vol est 4 heures plus tard ; ça le fait donc !

Direction Poids Lourd ; pas une voiture… ils sont tous devant le petit écran. Nous débouchons sur la Route de l’aéroport ; fluide. Et puis, d’un seul coup, juste au niveau de l’un de ces fameux « Saut-de-moutons » érigé à l’approche de l’arrêt Pascal , nous voilà coincés, à touche-touche sur 5 files pour 3 bandes. taxi-ketchs, 207, Esprit de Vie, grands bus, camions chargés de bières, tentant de jouer des coudes pour gratter quelques mètres de temps à autre ; mais pas d’inquiétude, pensons-nous, car on est bien à l’avance. Dans le même temps, des voitures manifestement pressées toutes sirènes hurlantes, avec dans leur sillage des taxis de plus en plus nombreux et une myriade de motos-taxi, nous dépassent en empruntant la voie libre à contresens et filent à toute allure vers l’inconnu… Ce qui est sûr, c’est que la nasse va se refermer un peu plus loin, lorsqu’il faudra qu’ils rejoignent le flot normal. Un très grand classique de la circulation Kinoise : de – comment bloquer la circulation là où tout était fluide du simple fait de l’imbécilité crasse de quelques-uns !

Nous voilà donc définitivement bloqués, l’angoisse de rater le vol se faisant de plus en plus intense, des clameurs régulières s’élevant avec force de la Cité, ponctuant chaque but congolais. Nous mettons donc pied à terre, à la recherche d’une moto-taxi ; quant aux bagages nous les abandonnions dans la voiture, à charge pour le chauffeur de tenter de nous les apporter à temps à l’aéroport. Jean-Paul Mutombo, déniché de l’autre coté du Boulevard accepte de nous prendre, et nous voilà repartis pour une course folle bardés de nos sacs à dos et sacs à main, sur la voie empruntée par les indisciplinés, à contre sens. La foule des marcheurs est très dense ; l’essaim de motos de plus en plus serré ; on se touche, on se pousse, on s’évite… mais notre Jean-Paul, il le maîtrise bien son engin. Et puis c’est l’entonnoir ; tout se fige ; impossible de se faufiler au milieu des autres motos, au milieu d’un véritable capharnaüm de camions, bus et voitures tous bloqués qu’observent impuissants policiers de roulage et militaires débonnaires, l’arme à la bretelle.

C’est alors que surgit un espèce de pantin en treillis, commençant à distribuer des coups de bâton de tous côtés, prenant pour cible tout spécialement les moto-taxis, provoquant une gigantesque pagaille ; il précède un grosse 4×4 noire, vitres teintées, rutilante, clignotant de tous ses feux et tente de lui frayer un passage : une excellence, un honorable probablement qui ne peut souffrir le moindre contre-temps tellement il ou elle est pressé(e)s de servir le peuple ; pas le petit peuple, cela est certain ; le bétail ça se conduit à la chicote !

Grace à notre nouvel ami Jean-Paul, le taxi-moto, nous réussissons à prendre la tangente non sans quelques frayeurs ; il termine la course en empruntant des petits chemins de traverse défoncés, sablonneux, boueux même à cette saison, et débouchant 3 km plus loin sur la belle route de l’aéroport, déserte derrière le bouchon. Juste à temps pour enregistrer et embarquer, mais sans nos bagages qui ne nous ont jamais rejoints. 

Inutile de préciser que beaucoup de sièges autour de nous dans l’avion étaient demeurés vides, bien que l’on soit en peine saison de migration pour les vacances !

Voilà un visage de Kinshasa qui ne manquera pas de saisir l’expert, l’homme d’affaire, le touriste (les fous… mais ils ne savaient pas !) débarquant pour la première fois au Congo, sinon tentant d’en ré-échapper. 

Vive notre tout nouvel aéroport international de Kinshasa Ndjili ! Honte à sa liaison d’avec le centre-ville.

Tatu Kalonji

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