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Affaire des fonds logés à la FECOFA : la vigilance de l’IGF a fait peur

Portrait de Jules Alingete, Kinshasa, RDC, octobre 2020. © Colin Delfosse pour JA

« L’Inspection générale des finances confirme avoir intercepté dans les comptes bancaires de la Fédération congolaise de football (FECOFA), des fonds publics (480.000 euros et 350.000 USD, soit près d’un million USD) qui y ont été frauduleusement logés par le ministère des sports et loisirs, manifestement à des fins autres que celles d’intérêt général », peut-on lire dans un communiqué de l’IGF daté du 23 septembre dernier. 

L’information a vite fait le tour de la planète football et des réseaux sociaux, suscitant des commentaires en sens divers. La FECOFA a enfoncé le clou en faisant savoir qu’elle n’était au courant de rien et s’étonnait de la présence de ces fonds dans ses comptes bancaires.

En clair, la FECOFA affirme n’avoir initié aucun dossier pour obtenir ces fonds. Incriminé, le ministère des sports parle de « mauvaise interprétation des faits » et « d’allégations » de la part de l’IGF. Le communiqué du cabinet du ministre des sports indique : « il s’agit d’une désinformation tenant à discréditer pour des raisons mesquines le ministère des sports et loisirs qui s’efforce à relever les activités sportives dans notre pays » et de souligner que « la mise à disposition des fonds de l’Etat à la FECOFA par le ministère dont il est question, est conforme au partenariat de cette dernière avec la Fondation pour le développement du football africain (FDFA) ». On en est là dans cette nouvelle affaire de « présumé détournement » des fonds de l’Etat.

Si d’aucuns estiment que l’IGF y va parfois trop vite en besogne, d’autres pensent que les méthodes adoptées par l’IGF permettent d’attirer l’attention de l’opinion et de la justice sur des faits troublants. On ne peut s’expliquer que alors que les Léopards dames broient du noir dans leur préparation dans le cadre des éliminatoires du mondial, des fonds soient logés dans les comptes de la FECOFA sans que cette dernière ne soit ni informée ni intéressée.

Pourquoi tant d’argent pour soutenir les activités d’une nébuleuse fondation logée au stade Massamba Débat à Brazzaville ? Pourquoi dans les preuves fournies pour justifier les fonds sortis du trésor public, on ne trouve qu’une facture de la fameuse fondation adressée au ministère des sports en date du 10 août 202. Sur la fameuse facture, une personne a signé et pour la FECOFA et pour la FDFA. Trop de zones d’ombre qui devraient intéresser les éventuels enquêteurs.

Toutefois, certaines sources au sein même de la FECOFA s’étonnent de la volte-face de l’instance faitière du football congolais devant l’alerte donnée par l’IGF. Selon ces sources, c’est bel et bien la FECOFA qui avait initié le partenariat avec FDFA pour l’organisation d’un tournoi international à Kinshasa avec la participation de 5 équipes nationales. C’est sur base des demandes de la FECOFA que le ministère des sports aurait donc sollicité du trésor public la sortie des fonds pour soutenir l’activité. D’aucuns estiment que la FECOFA a juste eu peur de l’œil vigilant de l’IGF ; d’où sa tentative de céder cette patate chaude au ministère des sports.

Voilà qui devrait conforter l’alerte de l’IGF. On se trouve visiblement en présence d’un dossier flou, qui mérite de retenir l’attention des instances habilitées.

Quoi qu’il en soit, les méthodes jugées parfois expéditives et spectaculaires de l’IGF paraissent un « bien » pour un « moindre mal », même si parfois des carrières sont brisées pour des broutilles ou des accusations qui se révèlent finalement sans fondement. La « salubrité financière » introduite par l’IGF a permis d’instaurer la « peur » du gendarme. Bien de gestionnaires réfléchissent à deux fois avant de s’engager dans des opérations financières douteuses, même si des esprits suicidaires sont prêts à se faire harakiri pour s’en mettre plein les poches.

La médiatisation des alertes de l’IGF permettent également d’éviter que des dossiers flous soient classés dans les tiroirs, comme ceux autrefois révélés par Monsieur Luzolo Bambi à l’époque de Joseph Kabila. Certes, les méthodes de l’IGF sous Jules Alingete ne sont pas parfaites, mais elles ont néanmoins l’avantage de terroriser tous ceux qui sont tentés de détourner les fonds publics.

N’tombo Lukuti

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