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« Agents de transport » : les nouveaux gangs de la tracasserie routière à Kinshasa

En plus des agents de la police de circulation routière, policiers et autres “Bureau 2”, les conducteurs de taxi font désormais face aux agents de la division urbaine des transports. Se confondant aux clients, ils sont imprévisibles et réputés sans pitiés.

Boulevard du 30-Juin, arrêt Chancellerie. Nous embarquons dans un taxi « ketch » pour Gombe/résidentiel quand tout d’un coup, deux individus en tenue civile se disputent la clé de contact avec le chauffeur tout agité : « Nasali nini ! (Qu’est-ce que j’ai fait) », s’exclame-t-il à plusieurs reprises.

Les passagers à bord prennent parti pour le chauffeur. Parmi eux, un avocat, qui demande à la tête d’affiche de ces supposés agents de la division urbaine des transports, de brandir leur ordre de mission. L’homme se perd dans les diversions et forcing avant de sortir de sa poche un vieux document froissé signé il y a trois mois. De plus, l’intéressé a été incapable de brandir sa carte de service. « Vous voyez tous ces chauffeurs qui me regardent. Ils me connaissent », crie-t-il pour faire valider sa qualité d’agent de la ville. Après plus de 20 minutes de discussion, il laissera finalement une affaire devenue trop compliquée pour lui, non sans attendre d’autres victimes au même arrêt.

Officiellement, ces agents de la division urbaine des transports et communication ont été déployés depuis 2019 pour vérifier le paiement des taxes et redevances de la ville. Ils sont aussi autorisés à interpeler des conducteurs qui s’adonnent aux systèmes de « demi-terrain » (non-respect de lignes officielles) ou encore « Solola bien » (non-respect des prix de la course).

« Je préfère être arrêté par un roulage »

« J’ai tous mes documents en ordre. Mais eux ils ne voient pas tout cela. Ce qui les intéresse, c’est l’argent », soutient, pour sa part, le conducteur d’un taxi-ketch. « Mais quand ils vous arrêtent, c’est pour demander de l’argent pour leur propre compte, et non pour le compte de l’Etat, ajoute un autre taximan. Je préfère être arrêté par un roulage qui, avec 10 000 ou 15 000 francs peut me foutre la paix plutôt que par un agent de transport qui peut te rançonner jusqu’à 50 000 francs ».

En plus d’être sans pitié, ces nouveaux gangs de la tracasserie routière ont l’avantage d’être imprévisibles, car en tenue civile. « Si tu ne connais pas leurs têtes et leurs endroits favoris, tu travailles à perte », avoue un conducteur d’un taxi qui veille particulièrement à qui faire entrer au siège-avant du véhicule : « Si un d’eux entre devant, je suis foutu. Derrière, je peux toujours les maîtriser ».

Cette nouvelle source de tracasserie s’ajoute à celle des agents police de circulation, des policiers dits « bandes rouges », « Ujana », ou encore à des agents de renseignement dits « Bureau 2 ». Une situation qui rend de plus en plus difficile le transport en commun dans la ville.

SN

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