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Bahati vs Kabila : ils pensent déjà 2023

Suspendu à durée indéterminée par la conférence des présidents des regroupements du Front commun pour le Congo (FCC), Modeste Bahati Lukwebo, autorité morale de l’Alliance des forces démocratiques du Congo & Alliés (Afdc/A), semble ne pas être ébranlé par ces ukazes.

Malgré les menaces et le chantage fait à ses députés, sénateurs, gouverneurs de province, présidents des assemblées provinciales et mandataires dans les entreprises publiques, l’homme reste droit dans ses bottes. Il clame haut et fort, que l’Afdc/A prend son autonomie et se positionne désormais comme une force indépendante dans la majorité et au même titre que le FCC et le CACH. Par dessus tout, il n’entend nullement retirer sa candidature à la présidence du sénat, malgré le choix porté par Joseph Kabila, autorité morale du FCC, sur Thambwe Mwamba pour le perchoir de la chambre haute du parlement.

Les hostilités sont donc ouvertes dans la famille politique de l’ancien président de la République. Même si Cap pour le changement (CACH), la plateforme politique de Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, semble suivre de loin et sans piper mot ce nouveau feuilleton politique provoqué par une gestion hasardeuse des ambitions politiques par le «fermier de Kingakati», force est de reconnaître que le FCC est à un tournant important de son existence. Certes, Bahati Lukwebo ne va pas faire écrouler l’édifice FCC, mais sa fronde, mieux sa couardise risque de faire des émules. S’il réussit à aller jusqu’au bout de sa logique et parvient à s’installer au perchoir du sénat au détriment d’Alexis Thambwe Mwamba, il aura écorné la toute puissance du «fermier de Kingakati».

Ce ne sera toutefois pas une partie de plaisir pour Modeste Bahati Lukwebo. Des coups, il en recevra. Beaucoup. Il va se retrouver devant un véritable traquenard. Comme ses anciens collègues de la «Majorité présidentielle» partis créer le Groupe des 7 (G7), il devra faire face à des dénonciations sur ses affaires privées, à des débauchages des membres de son parti et de son regroupement politique. On pourrait même assister au dédoublement de l’édifice politique qu’il a patiemment bâti. Tout pourrait s’écrouler en deux temps trois mouvements. Des personnalités qu’il a pu positionner dans les institutions politiques ou dans les établissements publics et entreprises publiques pourraient lui tourner le dos et donc le trahir. Déjà, Stève Mbikayi, membre de l’AFDC-A lui brûle la politesse avec des tweets peu amicaux. Joseph Kokoniangi, ancien de l’AFDC, est monté au créneau. Il dit de Bahati Lukwebo qu’il est un ingrat après avoir bénéficié, plus que d’autres, des largesses de Joseph Kabila, largesses qui font de lui un des hommes les plus riches du pays.

Le décor est planté pour une diabolisation à outrance du leader de l’AFDC. De sa capacité à encaisser des coups et plier sans rompre, permettra à Modeste Bahati de ne pas sombrer. Cet homme révélé aux Congolais par la Conférence nationale souveraine comme activiste de la société civile, a une forte capacité d’adaptation. Il a toujours su se retrouver en phase avec le pouvoir. On ne sait s’il envisage de faire de même avec le nouveau pouvoir en place depuis le 24 janvier 2019 et donc faire alliance avec Félix Tshisekedi, qui est déjà en partenariat avec Joseph Kabila. Est-ce compatible? Est-ce tolérable?

Quoi qu’il en soit, le feuilleton Bahati Lukwebo aura révélé ce que d’aucuns redoutent en silence. La suspension ou l’auto-exclusion de Bahati Lukwebo préfigure la lutte d’influence pour les échéances de 2023. On se jauge. On construit sa toile. Déjà. C’est ainsi que l’on peut comprendre les réticences de Joseph Kabila d’accepter qu’un quasi ou potentiel concurrent pour 2023 occupe le prestigieux poste de président du sénat, qui pourrait lui faire de l’ombre.
FMK

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