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Climat : Kinshasa compte encore des morts en pleine saison sèche et toujours aucune mesure urgente

Il continue de pleuvoir dans la ville-province de Kinshasa durant ce mois de juin 2025 censé être sec. Ce samedi 14, une quantité d’eau record de 90 millimètres est tombée sur la capitale congolaise, a fait savoir l’ingénieur Augustin Tagisabo, chef de division du Centre météorologique national à la METTELSAT, cité par ACTUALITE.CD.

Des dégâts humains considérables sont enregistrés dans les périphéries de Kinshasa, notamment dans les communes de Mont Ngafula, Lemba, Ngaliema et Nsele. Ces pertes en vies humaines viennent s’ajouter à un bilan lourd de désolation : inondations dévastatrices, érosions béantes, éboulements meurtriers, coulées de boue imprévisibles, crue brutale des rivières… On se réveille donc devant un tableau apocalyptique pour ce samedi 14 juin, une journée que les bulletins météorologiques annonçaient pourtant comme techniquement sans pluie. Car se trouvant en pleine saison dite sèche qui s’étend du 15 mai au 15 septembre.

Pas encore de bilan officiel. Seules quelques autorités locales, notamment les bourgmestres, avancent timidement des chiffres provisoires. Fulgence Bolokome, bourgmestre de Ngaliema, annonce 17 morts dans sa commune. Plusieurs routes sont désormais coupées en deux. Les avenues Tourisme et Okito, dans les quartiers Kinsuka et Pigeon, sont littéralement éventrées, rendant l’accès aux zones sinistrées quasiment impossible.

À Lemba, un mur s’est effondré sur une maison voisine, tuant deux personnes sur le coup, selon des sources médiatiques relayant les propos du bourgmestre et témoins. Les victimes n’ont eu aucune chance.

Dans les communes voisines (Matete, Limete, Ndjili, Masina, etc.) les inondations ont également laissé leur empreinte. Pour l’instant, aucun décès n’y est rapporté, mais les dégâts matériels s’accumulent, silencieux témoins de l’inaction des autorités.

La METTELSAT, qui avait déjà lancé des alertes en mars et avril sur la concentration anormale des précipitations, notamment après les inondations qui ont coupé en deux le boulevard Lumumba suite à la crue de la rivière Ndjili, rappelle que la pluie en saison sèche est rare… mais pas impossible.

« Il y a toujours une probabilité de pluie pendant la saison sèche lorsque certaines conditions sont réunies », indique Augustin Tagisabo, qui détaille : « Il y a une perturbation atmosphérique au-dessus de Kinshasa et du nord de la RDC. C’est le flux des vents du nord-ouest, en provenance du golfe de Guinée, qui frappe Kinshasa. Normalement, c’est l’anticyclone de Sainte-Hélène, le vent du sud-ouest, qui devrait dominer, mais son activité est actuellement ralentie par ce flux du nord. »

Le paradoxe est glaçant : au nord du pays, on attendait la pluie, c’est la sécheresse qui s’est installée ; à Kinshasa, on attendait la sécheresse, c’est le déluge qui a frappé. En pleine saison sèche. Et toujours aucune mesure d’urgence. Aucune anticipation. Aucun plan de secours activé. La capitale enterre ses morts sous un ciel censé être bleu. Silence radio des autorités pendant que Kinshasa s’enfonce, inondée, endeuillée… abandonnée.

Bahati Kasindi

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