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Coronavirus : La gestion approximative du "patient zéro" congolais

Tout a commencé le 10 mars à Kinshasa, deux jours après le dimanche festif du 8 mars durant lequel la femme congolaise en communion avec ses pairs du monde entier célébrait ses droits. Ce jour-là en début de soirée, le Ministre en charge de la santé publique annonçait sur une radio locale la présence du tout premier cas positif du Covid-19.

Le Docteur Eteni Longondo évoquait un sujet belge entré au pays le 8 mars. Quelques minutes plus tard il corrigeait et désignait un français, avant de déclarer finalement qu’il s’agissait d’un Congolais de 52 ans ayant séjourné dans l’hexagone et revenu, depuis peu, au pays. La seule chose qui n’avait pas changé dans l’adresse du ministre était la date : le 8 mars. 

Au-delà de  l’annonce, il restait à gérer le malade compte-tenu du caractère excessivement contagieux du virus. Le premier malade, arrivé le 8 mars, n’a été pris en charge que deux jours plus tard soit le 10. Il fallait donc retracer son cheminement en ville, pour espérer retrouver et mettre en quarantaine ses contacts au niveau local, environ 109 selon le ministre de la Santé, et suivre les autres passagers de l’avion à bord duquel il était arrivé de France. 

Il revenait au Docteur Eteni Longondo de rassurer la population sur les mesures idoines mises en place pour limiter la propagation de ce virus, qui avait déjà fait près de 5 000 morts à travers le monde (aujourd’hui plus de 30 000), particulièrement en Chine, en France et en Italie. 

Le désespoir et le doute sur la capacité de l’État congolais à gérer cette maladie a atteint son paroxysme lorsque le soir même de l’annonce au vu des vidéos postées sur les réseaux sociaux, montrant l’intervention de la police venue pour aider le personnel médical à récupérer le patient zéro à l’hôtel dans lequel il logeait en plein centre-ville de Kinshasa. On y voyait des agents de l’ordre encercler l’hôtel sans équipements adaptés (masque, gants ou combinaisons), lorsque tout le monde sait qu’un simple contact avec une surface infectée peut être source de contamination. Un premier couac qui a provoqué indignation et méfiance envers le ministre de la Santé et sa capacité à gérer la crise. 

Le second couac était le lieu de l’internement du patient : alors que des sources officielles le localisaient à l’hôpital général de Kinkole, site choisi pour accueillir d’éventuels cas de Coronavirus, le Ministre de la Santé Eteni Longondo l’envoya à l’hôpital de l’Amitié Sino-Congolaise de N’djili en plein quartier populaire. 

Pas la peine d’évoquer la panique générale des personnels de cet hôpital et des habitants des environs, entretenue par des médias locaux entrés en contact avec le patient. Celui-ci se complaisait à démentir son état de maladie en racontant le scénario de son interpellation jusqu’à son internement. Un vrai ” théâtre de chez nous” qui n’a fait que provoquer la méfiance de la population dans l’urgence sanitaire qui s’imposait. 

Le sujet était omniprésent dans toutes les conversations. Pas pris au sérieux jusqu’à l’annonce du deuxième cas. Lui-aussi venu de France à bord du même avion, puis d’un troisième le 15 mars. Il s’agissait encore d’un congolais qui avait séjourné en Suisse et qui a été  mis à l’isolément. Jusqu’à l’annonce du premier décès congolais dû au Covid-19. 

La RDC serait-elle poursuivie par un signe indien ? Car, le même chaos constaté dans la gestion de ce patient zéro a contaminé la gestion du confinement de la population kinoise pour lutter contre le covid19. Le Gouverneur de la ville décide d’un confinement total par intermittence jeudi 26 mars pour enfin tout annuler 24 heures plus tard. 

Bahati KASINDI

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