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Crash de l’Antonov 72 : l’armée est-elle si démunie ?

Le jeudi 10 octobre dernier, un avion cargo Antonov 72 affrété par la présidence de la République pour assurer la logistique lors du séjour de travail du chef de l’Etat, s’est écrasé près d’une heure après son décollage de l’aéroport de Goma, au Nord-Kivu.

Les premières informations fournies par l’Autorité de l’aviation civile congolaise ont fait état de quatre membres d’équipage ainsi que de quatre membres de la suite du président dont trois militaires et un civil, en l’occurrence son chauffeur attitré. Très vite, les spéculations sont allées bon train.

Des sources ont rapporté que l’avion crashé aurait été aperçu dans un village de Punia dans la province du Maniema. Des images ont même été postées sur les réseaux sociaux. Celles-ci se sont avérées fausses puisqu’aucune trace de l’avion ne sera trouvée, malgré les moyens déployés par la Monusco.

En début de semaine, des nouvelles plus précises viendront plutôt du Sankuru. A 120 km de Kole, des chasseurs ont dit avoir repéré une épave d’avion crashé avec des corps. Une équipe est expédiée par le gouverneur de province. Ce dernier reçoit ensuite l’aide de la Monusco qui déploie les moyens conséquents pour retrouver l’avion disparu ou crashé.

Aux dernières nouvelles, l’avion découvert est bel et bien celui disparu des radars depuis le 10 octobre. Les informations fournies des sources officielles sont pourtant très parcellaires. On parle de trois corps découverts. « Seulement trois », diraient certains, alors qu’officiellement ce sont huit personnes qui devaient se trouver à bord de l’Antonov au départ de Goma.

Aucune information non plus sur la jeep blindée officielle du président de la République qui devait se trouver dans l’avion. Les informations diffusées sont si minimes que les rumeurs prennent de plus en plus de l’ampleur. La thèse du complot contre le président de la République est même évoquée. Des traces de balle tirées sur la carlingue de l’avion auraient été mises à jour sur des photos diffusées sur les réseaux sociaux.

Certains affirment même que ce serait un missile sol-air qui aurait abattu l’avion. D’autres pointent du doigt des rebelles ou groupes armés opérant dans l’Est du pays, qui n’auraient pas apprécié la déclaration de guerre du président contre eux lors de son meeting à Beni. Le tir de missile sol-air sur l’Antonov 72 serait donc, selon ces sources, une mise en garde des rebelles et groupes armés à Félix Tshisekedi. A Limete 11ème rue, siège de l’Udps, des combattants du parti cher à Etienne Tshisekedi ont plutôt vu et trop vite dans cet accident la « main noire du partenaire de l’alternance ».

Vendredi 11 octobre, des manifestations violentes ont même paralysé la circulation quasiment toute la journée dans tout Limete, obligeant de nombreux Kinois à regagner leurs domiciles à pieds. Quoi qu’on dise, le crash de l’avion assurant la logistique pour la présidence de la République, remet sur la table les insuffisances de l’armée nationale.

Pendant des heures, il a été impossible d’envoyer des équipes spécialisées pour entamer des recherches sur le lieu supposé du crash dans le Maniema. Même quand des chasseurs du Sankuru ont donné des informations plus précises, il a encore fallu recourir à la logistique de la Monusco pour entamer les recherches.

Des observateurs notent là un inquiétant déficit d’équipements de la part des forces armées nationales. Comment un pays de la taille de la RDC ne peut-elle pas disposer des avions et hélicoptères pour engager des recherches en cas d’accident de ce genre. Si le président de la République s’était retrouvé à bord de cet avion crashé, le pays serait donc resté des jours durant sans nouvelle précise et sérieuse de son chef.

On doit du reste légitimement nous poser des questions sur la destination prise par le matériel que devait acquérir la CENI pour déployer les kits électoraux lors des dernières élections. Il avait été annoncé l’acquisition de plusieurs avions et hélicoptères. A la fin de l’opération, ces équipements acquis avec l’argent du contribuable congolais devaient être remis à l’armée. C’est du moins ce qui avait été annoncé. Où sont ces avions et hélicoptères, s’ils avaient effectivement été achetés ? Le parlement devrait enquêter là aussi pour en savoir davantage sur la gestion des fonds remis à la CENI pour l’organisation des élections. Il reste qu’il est grand temps que des moyens conséquents soient donnés à l’armée pour qu’elle soit en mesure d’assurer ses missions avec la plus grande efficacité et promptitude.

N’tombo Lukuti

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