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Des bandits enlèvent, torturent et dépouillent en toute impunité à bord des taxis «ketch»

Chronique de la vie à Kinshasa

Cher cousin,
Hier soir, j’ai pris un taxi avec une dame. Ce n’est pas extraordinaire, mais c’est l’histoire qu’elle nous a racontée qui l’est. Très méfiante vis-à-vis des autres clients, elle nous a scrutés avant de monter à l’avant du taxi. Question du conducteur : « Maman qu’est-ce qui ne va pas ?». «Rien papa. Je suis devenue très prudente. Il y a trois jours, j’ai été enlevée dans un taxi ketch». Et, elle raconte ce qui lui est arrivé.

« Mercredi vers 18 heures, je suis montée dans un taxi sur la 11ème rue Limete pour Lemba Super. Il y avait déjà, outre le chauffeur, une jeune fille devant, une autre fille dans le siège arrière à l’extrême gauche et un homme au milieu. Rassurée, je suis montée. Dès que je suis montée, le chauffeur a bloqué les portières et remonté les vitres. L’homme au milieu a pointé un long couteau vers moi et la fille qui était à côté a sauté sur moi et m’a étranglée. J’étais étouffée.

La fille qui était à l’avant a pris mon sac et a balancé tout son contenu dans un gros sac. Là dedans, il y avait 430$ et presque 60.000 fc. Ils ont pris ma carte bancaire et ont exigé le mot de passe, que je leur ai donné. Le véhicule a beaucoup roulé jusqu’à un distributeur automatique de billets. Là, ils ont retiré tout ce que j’avais, soit 1785$. Ils ont exigé aussi le mot de passe de mon compte M pesa. Ils ont transféré les 598.000fc qui s’y trouvaient. Ils ont pris aussi mes deux téléphones et mon bracelet en or. Heureusement que les autres bijoux que je portais n’étaient que des fantaisies. Ils n’ont pas pris ça.

Ils m’ont fouillée partout jusque dans le soutien-gorge, cycliste, slip et même les cheveux pour voir si je ne cachais rien d’autre. La fille m’a giflée plusieurs fois alors que je ne résistais même pas. C’est vers 22 heures qu’ils ont décidé de m’abandonner dans une ruelle sombre vers Righini et m’ont lancé 2000 fc, me menaçant de me tuer si je criais. Là, je suis allée au rond-point Ngaba où j’ai pris une moto-taxi. Jusqu’aujourd’hui, j’ai très mal au cou, à ma main gauche et dans les côtes. Dieu merci, je suis vivant. Je ne me promène plus qu’à pied ou dans des bus ou taxi-bus. Là, je monte puisque je vous ai observés et j’ai constaté que vous ne vous connaissez pas».

Récit glaçant. Et pourtant, ce phénomène est en nette progression dans la ville de Kinshasa. Cette semaine, j’ai entendu plusieurs autres récits de filles ou femmes enlevées dans les taxis de marque «ketch» (petits véhicules de marque Toyota généralement importés de Dubaï).

Le banditisme urbain prend donc de l’ampleur dans une ville où les «kuluna» (gangs de jeunes gens violents qui terrorisent les citoyens) font déjà la loi et commettent bien de forfaits. Arrêtés, acheminés en prison, ils sont assez vite libérés «faute de preuves».

Cher cousin,
J’ai, depuis quelques jours, décidé de ne monter que dans des taxis que je juge «sûrs». Et, chaque matin avant de sortir, j’implore Dieu Tout Puissant de me protéger et de m’épargner de ces actes de banditisme. Chaque fois que je franchis la porte le soir, je m’écrie « Merci Seigneur pour ta protection». Il est temps que la police fasse son travail pour démanteler ces criminels qui opèrent à bord des taxis «ketch».
A plus
Tien, Franck

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