Les pourparlers entre le gouvernement congolais et les rebelles de l’AFC/M23 soutenus par le Rwanda de Paul Kagame, à Doha au Qatar, étaient censés marquer un tournant dans la gestion de la crise dans l’Est de la République Démocratique du Congo.
Malheureusement, ces échanges entre les deux camps prévus mercredi 9 avril ont dû être reportés à une date ultérieure, ensevelissant ainsi de facto tout espoir d’une désescalade dans les zones concernées.
D’après l’agence britannique Reuters, les rebelles ont posé des conditions strictes avant d’engager toute discussion avec le régime de Kinshasa. Pour commencer, ils exigent une déclaration publique du président Félix Tshisekedi en faveur d’un dialogue direct. Ensuite, l’abrogation de résolutions et la levée des poursuites judiciaires ayant été prononcées contre ses membres. Enfin, le Mouvement du 23 mars chercherait aussi à s’assurer que toute discussion ne soit pas réduite à une simple reddition, renchérit la même source.
De son côté, le gouvernement congolais est resté constant. Il a refusé une fois de plus de reconnaître le M23 comme une entité légitime pour négocier directement avec elle. Kinshasa exige pour sa part un cessez-le-feu immédiat, le retrait complet des forces rwandaises qui soutiennent les rebelles des territoires congolais. La délégation gouvernementale est aussi pour la non-intégration des rebelles qui auront déposé les armes en cas de dialogue, dans les structures étatiques.
Ces conditions des uns et des autres ont donc freiné le début des pourparlers directs à Doha sous les bons offices du gouvernement qatari. Ce dernier n’a pas réussi, jusque-là, à convaincre les deux parties à entamer des discussions même s’il avait réussi l’impensable le 18 mars 2025 en réunissant Félix Tshisekedi et Paul Kagame autour d’une table. À la surprise générale.
Face donc à cette impasse, le Qatar a reporté les pourparlers à une date ultérieure, laissant ainsi la chance aux seules exhortations de l’ONU à un cessez-le-feu et aux sanctions des puissances occidentales pour le respect de l’intégrité territoriale de la République Démocratique du Congo.
Il convient de souligner que la résurgence de la rébellion de l’AFC/M23 avec le soutien prouvé du Rwanda a causé la mort de milliers de civils, des déplacements massifs des populations et une crise humanitaire sans précédent dans la partie orientale de la RDC.
Selon des chiffres de OCHA du 8 mars 2025, dans le Territoire de Lubero, plus de 100 000 nouveaux déplacés ont été enregistrés, près de 50 000 enfants ont vu leur scolarité être interrompue et plus de 22 000 habitants de la zone sont ainsi privés d’accès aux soins médicaux. Dans la ville de Goma, au moins 3 680 ménages (16 560 personnes) n’ayant pas pu regagner leurs villages d’origine ont trouvé refuge dans 56 nouveaux centres collectifs identifiés par les partenaires humanitaires.
L’aéroport de Goma est resté fermé depuis fin janvier, obligeant les humanitaires à utiliser des itinéraires alternatifs via la Tanzanie et le Rwanda. La fermeture des banques et institutions de microfinance paralyse davantage la distribution de l’aide d’urgence par transfert monétaire, note cette agence de l’ONU.
Bahatiquement et Elie Ngandu