Dieunit Kanyinda est journaliste professionnel depuis 1997. Il est parmi les cas testés positifs au covid19 et par la suite guéris. Il partage volontiers son histoire. Récit!
Tout a commencé le 12 avril, soit plus d’un mois après avoir ressenti les premiers troubles digestifs. Sans hésiter, Dieunit Kanvinda se rend dans un laboratoire médical de la place pour réaliser des examens. ” Pendant que j’étais au laboratoire, le médecin prend ma température : 39 degré de fièvre”, annonce-t-il. Il me proposer d’alerter l’Equipe de Riposte pour un dépistage. ” J’ai d’abord hésité, mais finalement j’ai accepté”, reconnait Dieunit.
Pendant plus de 2 heures, il attend au laboratoire l’arrivée de l’équipe. “J’ai commencé à stresser”, explique-t-il. Enfin, une infirmière lui prend sa tension artérielle : 20/14. Elle décide de ne pas le garder au laboratoire et lui remet le numéro de téléphone d’un membre de l’Equipe de Riposte. “J’ai appelé ce numéro, mais comme il ne répondait pas, je me suis résolu à joindre un ami qui se trouve être lui aussi membre de l’Equipe de Riposte”, reconnait-il. Cet ami de Dieunit, qui n’est pas personnel soignant, lui donne les coordonnées d’une dame membre de l’équipe de riposte basée à l’Antenne de Limete. “J’ai pris le volant malgré ma fièvre et mon stress et je suis parti à sa rencontre sur la 7ème rue”, se rappelle Dieunit.
Celle-ci va l’interroger et conclure : ” Vous n’avez pas vraiment les symptômes de la maladie mais je vais garder vos coordonnées et vous conseille de réaliser des examens plus poussés dans un grand hôpital ».
Dieunit ne se fait pas prier et se présente à l’hôpital Saint Joseph, toujours dans la Commune de Limete. L’équipe médicale diagnostique une malaria. Dieunit rentre alors chez lui avec une prescription d’antipaludéen et contre des troubles digestifs.

L’ambulance a débarqué chez moi en grande pompe et avec sirène
Deux jours, plus tard, la dame de l’Equipe de Riposte le recontacte et propose de venir effectuer un prélèvement chez lui à la maison. “Je préfère venir vers vous, répond Dieunit, parce que je ne veux pas que, ma famille et moi, soyons victimes de stigmatisation de la part de nos voisins”. Ce qui sera fait.
Deux jours plus tard, on lui annonce qu’il est positif au Covid19. Dieunit Kanyinda n’hésite pas un seul instant : ” il n’y a pas de soucis je veux bien me faire traiter”. Comme pour le prélèvement, il a préféré aller vers eux. Son but, préserver sa famille du regard des voisins directs. ” Je suis sorti tranquillement de chez moi, à pied, et je les ai rejoints au lieu de rendez-vous convenu pour monter dans l’ambulance”, relate-t-il.
Dieunit Kanyinda est admis à l’hôpital Saint Joseph de Limete. Sa famille, sera également contrôlée quelques jours plus tard. Après des jours d’attente, les résultats tombent. La femme de Dieunit est également testée positive au covid19, mais pas ses enfants. Dieunit insiste bien pour que l’Equipe de la Riposte ne se présente pas chez lui pour ne pas éveiller les soupçons des voisins ; “malheureusement ce ne fut pas le cas. “, regrette-t-il.

Tout le quartier est alerté
« L’ambulance a débarqué chez moi en grande pompe et avec sirène. Tout le quartier est alerté”, se rappelle Dieunit. C’est un drame pour Madame Kanyinda. Les voisins du quartier surgissent. “Ça vire à l’interrogatoire” confirme-t-elle à son mari. “Toute la famille est indexée à cause de moi. À chaque sortie des enfants pour une course dans le quartier, ils sont traités de “Corona”, se souvient-il.
Malgré tout cela, Dieunit et sa femme seront pris en charge et mis sous la chloroquine et l’azytromicyne, plus du zinc et de la vitamine C. « Seuls la chloroquine et l’azythromicyne sont remis gratuitement, les autres médicaments, j’ai dû les acheter”, explique-t-il. Et de poursuivre : ” J’ai suivi le traitement et je reconnais n’avoir eu pour tout effet indésirable que des troubles digestifs, pas de fièvre et pas de maux de tête.
Dix jours, plus tard, Dieunit sera contrôlé et recontrôlé encore après trois jours. Pour obtenir ses résultats, Dieunit a dû recourir à ses amis qui travaillent à l’INRB : ” C’est un calvaire que connaissent la plupart des guéris du covid19″, se plaint-il.
Après 16 jours à l’hôpital, Dieunit a dû passer 14 autres jours en isolement chez lui. Il rédige aujourd’hui un ouvrage sur la gestion du Covid19 en RDC, ayant pour titre ” Covid19, le caleçon troué des dirigeants congolais”. Cet ouvrage de sept chapitres vise à dénoncer les dysfonctionnements dans la gestion du Covid19 en RDC ainsi que sa mauvaise communication.
Toutefois, il exhorte les Congolais à ne pas se cacher quand ils ressentent les symptômes : “Le Covid19 n’est pas une maladie honteuse”, explique-t-il. Et de conclure par cette note d’optimisme : “Le Coronavirus ne fera pas d’énormes dégâts en RDC, mais pour cela il faut un engagement de tous ».
JW