Le gouvernement congolais a, ce 7 avril 2025, décidé de suspendre avec effet immédiat tous les contrats de lobbying le liant à des cabinets américains, comme mentionné dans le communiqué de la porte-parole du Chef de l’État, Tina Salama.
Cette décision intervient juste après la visite de l’envoyé spécial de l’administration Trump à Kinshasa, Massad Boulos, alors que depuis plusieurs mois, la RDC a œuvré avec des cabinets de lobbying pour établir un pont entre Kinshasa et Washington.
Si pour certains il s’agit d’une décision courageuse, pour d’autres, c’est ingrat de la part de l’État congolais de tout suspendre de manière unilatérale. Cette frange de l’opinion estime que cela pourrait avoir de graves conséquences sur la démarche de l’administration Tshisekedi, car “_ces mêmes lobbies risquent d’œuvrer au profit de l’ennemi_”.
Est-ce vraiment un acte d’ingratitude ou une rupture brusque des relations avec Washington ? Kinshasa soutient sa décision en arguant qu’il s’agit d’une démarche stratégique visant à optimiser les canaux officiels de communication et à concentrer les efforts de la diplomatie congolaise sur des contacts directs avec l’administration américaine.
Même si, sans le mentionner, il s’agit aussi de mettre fin à une démarche infructueuse après des années de collaboration avec ces cabinets de lobbying.
Ainsi, en optant pour la suspension de ces contrats, le gouvernement cherche à éviter une nouvelle perte d’argent. Le cabinet Earhart Turner LLC, par exemple, avait perçu 5 millions de dollars pour six mois d’engagement, un investissement dont on ne sait pas, à en croire certains analystes, mesurer les résultats.
Est-ce que tout s’arrête après ce communiqué ? Il convient aussi de souligner que la décision de suspendre ces partenariats n’est pas aussi simple qu’une rupture instantanée. En réalité, les contrats signés avec ces firmes contiennent des clauses spécifiques, telles que la nécessité d’un préavis de 30 jours avant toute suspension ou résiliation, comme dans le cas du cabinet susmentionné. Le communiqué de la porte-parole de la présidence souligne “_que toute action future au nom de la RDC par ces firmes est désormais suspendue_”.
“_Ce communiqué sous-entend que les parties concernées devront se réunir pour discuter de la manière de mettre fin à ces engagements de manière formelle et, le cas échéant, résoudre les litiges en suspens_”, explique un juriste. “_Ainsi, même si la suspension des activités de lobbying semble immédiate, elle ne doit pas être perçue comme un acte arbitraire, mais plutôt comme une invitation de la RDC envers ces cabinets à une discussion. Mais en attendant, aucune action nouvelle ne doit être menée par ces cabinets au nom de la RDC. C’est là qu’intervient le caractère immédiat de la suspension contenu dans le communiqué_”, ajoute-t-il.
Des montants considérables ont été dépensés par la RDC pour ces services de lobbying, comme révélé par Jeune Afrique. Pour le cabinet Earhart Turner LLC, 5 millions USD ont été alloués pour six mois de services, tandis que des forfaits mensuels ont été versés à d’autres cabinets tels que Scribe Strategies (70 000 USD par mois) ou encore Ballard Partners (100 000 USD par mois). Ces investissements ont atteint des sommes importantes sans qu’il y ait d’impact réel sur la scène politique américaine au profit du régime Tshisekedi.
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