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Diplomatie : l’ambassadeur suisse et sa blague qui dépasse le cadre du 1er avril

Ce mardi 1er avril 2025, l’ambassade de Suisse en République démocratique du Congo (RDC) a publié une vidéo montrant son ambassadeur inspectant les toilettes de son institution à Kinshasa.

Une mise en scène qui, selon lui, relevait d’une blague, mais qui a rapidement pris une tournure humiliante pour la population congolaise. Cette “plaisanterie” maladroite révèle bien plus qu’un simple malentendu : elle illustre une forme de condescendance à l’égard du pays hôte et une insensibilité à ses enjeux d’image et de dignité.

Une mise en scène malheureuse

Sur la vidéo diffusée par l’ambassade, on voit l’ambassadeur descendre de sa voiture et se diriger avec sérieux vers les toilettes, entouré d’officiels et d’une logistique de communication digne d’un événement diplomatique majeur. Pourtant, quelques heures plus tard, face à l’indignation croissante sur les réseaux sociaux, l’ambassadeur a tenté de calmer la polémique en déclarant :
“C’était bel et bien un poisson d’avril. Papa Joseph n’a pas besoin de formation en Suisse, son travail est impeccable au quotidien. Et si quelqu’un s’est senti blessé par cette publication, désolé, ce n’était pas l’intention.”

Mais le mal était déjà fait. Une blague de cette nature, émanant d’un diplomate, ne peut être prise à la légère, surtout lorsqu’elle touche à l’image d’un pays où il est accrédité.

Une blague qui dépasse le cadre du 1er avril

Le problème ne réside pas tant dans la blague elle-même que dans ses conséquences. Une fois en ligne, la vidéo continuera de circuler, sans indication claire qu’il s’agissait d’un canular. Que retiendra l’opinion publique internationale ? Que l’un des rares sujets sur lesquels la Suisse met en avant la RDC est… la formation pour l’entretien des sanitaires de son ambassade ?

Cette communication maladroite sous couvert de poisson d’avril survient alors que les autorités congolaises luttent pour redorer l’image du pays sur la scène internationale. Dans ce contexte, un diplomate doit faire preuve de retenue et de respect. Peut-on imaginer notre ambassadeur en Suisse réalisant une telle mise en scène sur un sujet aussi trivial ? Certainement pas.

Un déficit de respect envers la RDC

Ce type de plaisanterie, venant d’un représentant officiel, soulève des questions sur la perception réelle de la RDC par certains partenaires internationaux. Elle contraste avec les difficultés que rencontrent des professionnels congolais pour obtenir des visas, malgré des motifs de voyage valables et sérieux. D’un côté, on ridiculise indirectement les travailleurs locaux, et de l’autre, on bloque des entrepreneurs et experts congolais cherchant à échanger des compétences à un niveau plus élevé.

Le respect entre nations passe aussi par la manière dont on communique. Un diplomate, censé incarner les valeurs de son pays, ne peut se permettre une telle légèreté au risque de froisser durablement l’opinion publique du pays qui l’accueille. Cette affaire rappelle qu’au-delà des intentions, l’impact d’un message compte plus que sa justification tardive.

Si l’ambassadeur de Suisse voulait faire sourire, il a surtout suscité l’indignation. Un poisson d’avril qui, au final, ne fait rire personne.

LISAPO

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