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Duel dans la coalition : le FCC a la majorité, mais Fatshi détient la signature

Un ministre bloque délibérément l’application des ordonnances du président nommant des mandataires dans les entreprises publiques. Un autre ministre expédie à l’assemblée nationale, sans l’avis du conseil des ministres, des avis sur des propositions de lois sur la réforme de la justice. Le premier ministre interpelle le président de la République via les médias et sollicite, par la même voie, une audience. Le premier ministre boude des ordonnances du président contresignées par son intérimaire. Ensuite, il invective le président via les médias et adresse à ce dernier, via un communiqué, une demande à être reçu. Le premier ministre bien que présent à Kinshasa boude la cérémonie de prestation de serment, devant le président, des magistrats récemment nommés.

Le Front commun pour le Congo (FCC) se plaint de la «dictature» qui se mettrait en place au sommet de l’État. Et, il organise des marches pour soutenir les institutions, qui seraient en danger dans leur fonctionnement. Deux juges, sans doute instrumentalisés, membres de la cour constitutionnelle nommés à la cour de cassation snobent leur nomination et disent préférer poursuivre leur mandat qui court jusqu’en 2021.

Tout cela se passe sous la présidence de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo pourtant célébré comme le produit d’une passation «civilisée» du pouvoir. Et, les manoeuvres tordues, les critiques les plus virulentes de sa gestion viennent, curieusement, de ses partenaires de la coalition au pouvoir. Le FCC n’a même pas protégé Jean-Marc Kabund, premier vice-président de l’assemblée nationale, évincé alors qu’il était le principal négociateur du suivi du deal Kabila-Tshisekedi.

C’est à se demander si le deal tient toujours et si la coalition pèse encore sur l’échiquier politique. Alors que 2023 ne pointe pas encore son bout de nez, les partenaires de la coalition sont divisés sur tout : réformes judiciaires, réformes électorales, réforme de la CENI, modification de certains articles de la constitution… Pire, le FCC brandit déjà des menaces au cas où les élections n’auraient pas été organisées en 2023.

À l’Udps, on se veut serein. Certains combattants affirment, eux, qu’aucune élection n’aura lieu en 2023 et que le président restera en fonction jusqu’à l’installation du nouveau président élu. Ce sont, peut-être, des déclarations faites pour rire ou pour faire monter les enchères, mais elles ont le mérite de troubler le partenaire FCC. Ce dernier devrait certainement se mordre les doigts.

Les stratèges du FCC avaient tout prévu : avoir une majorité écrasante au parlement, contrôler toutes les assemblées provinciales, avoir presque tous les gouvernorats des provinces, contrôler la justice, avoir la primature et des ministères importants. Ils avaient oublié une chose : ils ont perdu l’imperium suprême dont le détenteur est dépositaire de la signature.

En effet, l’homme qui détient la signature n’est pas du FCC, même s’il est son partenaire de la coalition et est lié à Joseph Kabila par un deal dont personne ne connaît les tenants et les aboutissants. Cet homme là, a aussi ses propres idées, ses propres ambitions et sa signature vaut de l’or. Il peut en user dans l’esprit de ses ambitions, quitte parfois à aller dans le sens non souhaité par le partenaire. Celui-ci n’a alors que ses yeux pour pleurer, regrettant amèrement d’avoir cédé la signature, l’imperium. Comme quoi, le stratège ne pouvait gagner à tous les coups.

N.L.

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