L’ancien président Joseph Kabila est arrivé à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, le dimanche 26 mai 2025. L’information a été confirmée par son entourage ainsi que par le groupe politico-militaire Alliance du Fleuve Congo (AFC/M23), un allié du M23 actif dans cette région instable de l’Est de la RDC.
D’après plusieurs sources concordantes, l’ancien président a quitté l’Afrique du Sud avant de traverser la frontière rwandaise à partir de Gisenyi, pour ensuite entrer sur le sol congolais par Goma. Ce retour s’est déroulé sans couverture médiatique, dans une discrétion totale.
Après son arrivée, Joseph Kabila s’est directement rendu à Rumangabo, un village stratégique du territoire de Rutshuru. C’est là que se trouve le centre de formation idéologique du M23/AFC, un lieu réservé à l’encadrement des nouvelles recrues du mouvement.
Selon une déclaration publiée par le M23 sur ses réseaux sociaux, Kabila est allé “évaluer les conditions d’accueil et d’encadrement des nouveaux adhérents à la révolution”. Ce déplacement a surpris, surtout par son caractère non officiel et l’absence totale de documents visuels.
En effet, jusqu’à présent, aucune image, vidéo ou trace médiatique de cette visite n’a été partagée. Ce silence alimente les interrogations sur la nature exacte de ce déplacement et sur les liens que Kabila entretiendrait avec ce groupe armé.
Depuis plusieurs mois, les autorités congolaises, et particulièrement le président Félix Tshisekedi, accusent ouvertement Joseph Kabila de soutenir le M23. Pour Kinshasa, ce groupe armé serait un outil utilisé par l’ancien président pour fragiliser le régime actuel.
Ces accusations ont conduit à la levée de l’immunité parlementaire de Kabila au Sénat. Il est désormais exposé à des poursuites pour trahison et complicité avec un mouvement rebelle. Ses proches rejettent fermement ces charges, évoquant une persécution politique.
Kabila, de son côté, dénonce ce qu’il qualifie d’« instrumentalisation de la justice » par le pouvoir en place. Il affirme qu’on cherche à l’exclure du débat national et à effacer toute opposition crédible à Kinshasa.
Mais une question cruciale reste sans réponse : en quelle qualité Kabila a-t-il visité une base militaire liée à un mouvement rebelle ? Était-ce en tant qu’ancien chef d’État, ex-sénateur, ou acteur politique en quête d’un nouveau rôle dans l’Est ? Une zone où il conserve encore une forte influence.
Elie Ngandu