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Etienne Tshisekedi : Pourquoi on l’appelle « lider maximo » ou « sphinx de Limete » ?

Etienne Tshisekedi wa Mulumba (Photo RFI)

De ses rares sorties médiatiques, Etienne Tshisekedi ne se lassait de rappeler les leitmotivs de son combat politique. Des termes qui sont restés gravés dans la mémoire des Congolais. Le « changement », l’«Etat de droit », le « respect des textes », « le peuple d’abord »…sont autant de concepts qui lui ont valu l’estime des Congolais. Ces derniers le lui rendaient si bien avec des surnoms qui ont traversé l’épreuve du temps. Parmi eux le « sphinx de Limete », le « lider maximo »…

C’est en 1991 alors que se tient la Conférence nationale souveraine qu’Etienne Tshisekedi se voit bombardé du qualificatif de « sphinx de Limete ». La Référence Plus est un des journaux de l’époque à populariser ce qualificatif que reprend abondamment dans ses chroniques le journaliste Mukula Salay, d’heureuse mémoire. Pourquoi « sphinx » ? Ce terme est défini entre autres comme « personne énigmatique, par allusion au Sphinx de la légende d’Œdipe, qui proposait des énigmes aux passants ». Dans la mythologie égyptienne, sphinx est défini comme « un monstre ayant une tête humaine et un corps de lion » tandis que dans la mythologie grecque, il s’agit d’un « monstre ayant la tête et les seins d’une femme, le corps d’un lion et les ailes d’un aigle ». Dans la sculpture, on représente le sphinx couché sur le ventre, les pattes de devant étendues et la tête droite.

Dans le contexte de l’époque de la lutte contre la dictature mobutienne, le « sphinx de Limete » symbolisait le caractère imperturbable qu’affichait Etienne Tshisekedi face aux moyens de répression du Régime. Malgré la police politique, les blindés et canons à eau ainsi que les bombes lacrymogènes de la Garde civile et de la Division Spéciale Présidentielle (DSP), l’espace compris entre la 10ème et la 11ème rue Limete/résidentiel se présentait comme une forteresse quasi imprenable. Etienne Tshisekedi s’y sentait à l’aise, presque intouchable, entouré de ses fidèles militants, qualifiés ici de « combattants ».
C’est de là que partaient les mots d’ordre pour des manifestations pacifiques bien que chaque fois sèchement et violemment réprimées. Kinshasa pouvait être pratiquement en état de siège avec des forces de l’ordre et de sécurité massivement déployées, Etienne Tshisekedi restait chez lui, dans sa résidence, dissuadant par sa présence tout assaut inconsidéré. Pour d’aucuns, « Ya Tshitshi » faisait peur au régime en place. D’où ce surnom de « sphinx de Limete » qui, par sa forme monstrueuse inspirait, du fait de sa seule présence, la peur aux adversaires. Cette légende est restée vivace même face aux régimes de Kabila père et Kabila fils. On pouvait tout imaginer. Détruire la permanence de son parti sur la 11ème rue Limete ; attaquer sa résidence privée sur la 10ème rue Limete, barricader toutes les avenues de la 7ème rue à la 13ème rue Limete, mais lui restait sur place dans sa résidence, imposant par sa stature et son calme olympien une limite à tout. C’est ça le « sphinx », un monstre qui ne pipe mot, mais qui manifestement fait peur.

C’est cette même logique qui a amené les médias à bombarder Etienne Tshisekedi du qualificatif de « lider maximo » en référence à Fidel Castro, le leader cubain, qui a fait face durant son long règne à l’hostilité du puissant voisin américain. La transposition de cette situation sur le Zaïre de Mobutu a donc valu à Etienne Tshisekedi le surnom de « lider maximo » ou « grand chef » en espagnol, en référence au titre que des médias occidentaux avaient donné à Fidel Castro. Ce qualificatif accolé à Etienne Tshisekedi depuis l’époque de la dictature de Mobutu a été employé aussi sous les régimes des Kabila père et fils.

Le qualificatif de « lider maximo » devrait beaucoup plus être compris comme la place prépondérante d’Etienne Tshisekedi dans l’histoire de l’UDPS. Avec ce qualificatif, on lui reconnaissait un leadership exceptionnel par rapport aux autres figures historiques du parti de Limete. Il y avait donc lui « grand chef » et les autres. C’était lui la figure de proue, lui qui prenait la dernière décision, lui qui décidait qui était dans la ligne du parti ou qui s’en écartait. A Limete, on parlait d’auto-exclusion pour les autres leaders du parti mais pas pour le « grand chef » ou « lider maximo ». Lui, était intouchable, parce que c’était lui le « grand chef ».

Franck N’tombo Lukuti

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