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Fatshi est là, eux aussi sont là

La plupart des Congolais qui se sont rendus massivement dans les bureaux de vote le 30 décembre 2018, avaient une seule idée : voter pour le changement afin de marquer une rupture avec l’ancien système. Ainsi, bien qu’ayant bénéficié de moyens financiers colossaux pour mener sa campagne et présentant un programme alléchant, Emmanuel Ramazani Shadary, le dauphin de Joseph Kabila, a été « sanctionné » par les électeurs.


En votant pour le changement, plus d’un Congolais voulait voir la res publica gérée autrement après les élections de décembre 2018. Gérer autrement, c’est par exemple, voir régner un autre état d’esprit dans le comportement du Congolais. Gérer autrement, c’est aussi voir les Congolais intérioriser le changement prôné par le nouveau pourvoir, ou encore comprendre qu’on est passé d’un régime qui fermait les yeux sur tout, à un autre qui prône l’Etat de droit.

Dans les rues de la capitale de la République Démocratique du Congo, les Kinois affichent le même comportement, ils ont le même discours dans leurs bouches. Il suffit de suivre l’émission « Le Débat», diffusée chaque jour de 12 à 13 heures 30 sur la radio Top Congo, pour comprendre « qu’avant Kabila semble ressembler à après Kabila ».

Pire, les éléments de la Police de Circulation Routière (PCR) sont toujours là, se comportant en «seigneurs » dans les carrefours. Comme avant le 30 décembre 2018, ils rackettent, rançonnent les chauffeurs, comme s’ils n’avaient jamais reçu des consignes de la part de nouvelles autorités.

Les autres éléments de la Police nationale congolaise (PNC) sont, eux aussi là, prêts à interpeller n’importe quel citoyen, même quand ils ne sont pas en mission de service. Présents dans presque tous les quartiers de Kinshasa, ils ne laissent jamais passer des personnes porteuses d’un sac à main, d’un colis, d’un téléphone, de bijoux…


Des alliés

Les chauffeurs des taxis et mini-bus se comportent dans les rues de la capitale comme si les poteaux de signalisation installés dans les carrefours ne servaient que des décors. Les nombreux éléments de la PCR ou des motards, qui prennent d’assaut les carrefours, se montrent incapables ou complices pour freiner leur « folie » au volant. Ces conducteurs changent de bandes comme ils veulent, brûlent les feux rouge quand ils veulent, conduisent en prenant de la bière sans tenir compte de la présence des éléments de la PCR… considérés, du reste, comme leurs alliés.


Les enfants en rupture familiale, communément appelés « shégués », sont encore et toujours là. Prêts à bondir sur tout passant, ils ne sont jamais inquiétés par les policiers qui, curieusement, donnent l’impression d’être leurs premiers alliés. Les « Kulunas », ces jeunes regroupés dans des écuries, utilisant souvent des machettes pour s’attaquer aux paisibles citoyens, sont aussi là, dictant leur loi dans certains quartiers et/ou communes de Kinshasa.

Dans un communiqué de presse rendu public il y a quelques semaines, le porte-parole de la PNC, le Commissaire Mwana Mputu, affirmait qu’un appel était lancé aux « shégués » et aux « Kulunas » qui veulent apprendre un métier, de se rendre. Cet appel ressemble à celui lancé par un homme qui demande à son chien enragé, qui mord des passants dans la rue, de revenir à la maison.


Absence de sanction

D’aucuns se demandent si l’appel lancé par la Police pourra porter des résultats escomptés quand on sait qu’il y a trois ans, le même service de sécurité avait mené une opération de traque contre les « kulunas ». Ces derniers ont regagné leurs différentes écuries comme si rien n’avait été fait pour les mettre hors d’état de nuire.
Au lieu de rester théorique, le chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi ferait mieux de sanctionner ceux qui foulent aux pieds ses consignes et leurs complices. Car, jusque-là, une seule phrase revient dans les échanges entre Kinois : « Les antivaleurs décriées hier sous l’ancien régime sont encore là ».

RKM

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