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72 heures seulement après avoir lancé un appel public au dialogue, l’opposant Martin Fayulu a été reçu ce jeudi 5 juin 2025 par le Président Félix Tshisekedi au Palais de la Nation. Une rencontre attendue, tant les relations entre les deux hommes étaient restées tendues depuis la présidentielle de 2018.
Le président du parti Engagement pour la Citoyenneté et le Développement (ECIDé) est arrivé à 16h40 aux bureaux du Chef de l’État, accompagné de plusieurs de ses proches. Il s’agit notamment de Devos Kitoko, Prince Epenge, Alex Dende alias Lexxus Legal et Mme Chantal Moboni, tous membres influents de sa plateforme politique LAMUKA.
À son arrivée, Martin Fayulu est apparu souriant, détendu, saluant les journalistes et grimpant les marches du Palais de la Nation avec assurance. L’accueil qui lui a été réservé tranche avec les années de silence et de tensions. Les deux personnalités se sont échangé des accolades chaleureuses dans le salon des ambassadeurs, donnant le ton d’un échange que beaucoup espéraient franc.
Le Président Félix Tshisekedi a brisé la glace en s’adressant directement à son visiteur :
« Je suis content de vous voir et nous allons échanger à cœur ouvert », a-t-il lancé. Une phrase forte, lourde de symboles dans un contexte de crise multidimensionnelle que traverse la République démocratique du Congo.
Pendant près de deux heures, les échanges ont porté sur la situation actuelle du pays. Martin Fayulu a évoqué devant la presse l’urgence de bâtir un climat de cohésion nationale. Selon lui, la RDC est confrontée à de nombreuses crises : sociale, politique et sécuritaire. Il a souligné qu’il n’existe pas « 36 solutions », et que le dialogue reste la seule voie possible.
Fayulu a notamment plaidé pour l’ouverture d’un dialogue social avec les forces morales du pays. Il a encouragé le Président à rencontrer les Évêques de la CENCO et les pasteurs de l’ECC autour du pacte social proposé récemment par ces deux grandes structures religieuses. D’après lui, cette démarche pourrait être un point de départ pour restaurer la confiance et apaiser le climat politique.
Concernant une éventuelle participation à un gouvernement ou à d’autres institutions, le président de l’ECIDé a été clair : ce point n’a pas été abordé pendant l’entretien. Il a préféré insister sur la priorité du moment, qu’il résume par la recherche de l’unité nationale autour de l’intérêt commun.
Cette rencontre marque la fin d’un long froid politique entre deux hommes qui s’étaient affrontés lors des élections de 2018, puis éloignés depuis la réunion controversée de Genève. Elle ouvre également la porte à une nouvelle dynamique, plus apaisée, entre le pouvoir et une partie de l’opposition.
Alors que le pays vit une période de turbulences, cette première main tendue pourrait bien marquer un tournant. Reste à savoir si ce pas vers la concertation aboutira à un vrai processus de dialogue ou s’il ne s’agit que d’une parenthèse dans une rivalité encore profonde.
Elie Ngandu
