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Insalubrité, embouteillages, Kuluna : Kinshasa à bout de souffle

Ce récit du journaliste Elie Ndaya dépeint une Kinshasa asphyxiée par les embouteillages, l’insalubrité et l’insécurité. Malgré les slogans officiels, la réalité quotidienne reste marquée par le chaos urbain, le coût de la vie exorbitant et la menace persistante des Kuluna.

Kinshasa est une ville qui met ses habitants à rude épreuve. Entre insécurité, embouteillages, coût de la vie exorbitant et infrastructures défaillantes, la capitale congolaise semble arriver à un point de saturation. Chaque jour, vivre ici devient un défi de plus en plus difficile à relever.

Une ville surpeuplée, des infrastructures dépassées

Kinshasa connaît une explosion démographique sans précédent. Chaque jour, des milliers de personnes affluent vers la capitale, espérant y trouver de meilleures conditions de vie. Mais la réalité est tout autre : le surpeuplement étouffe la ville, et les infrastructures existantes peinent à suivre le rythme.

Le parc automobile connaît également une croissance vertigineuse. Le nombre de véhicules, de motos et de taxis-bus explose, mais les routes restent les mêmes, souvent en mauvais état. Peu d’axes routiers sont adaptés à cette pression, ce qui aggrave la congestion et ralentit considérablement la circulation.

Embouteillages interminables, coût du transport en hausse

Ce lundi 10 mars 2025, la circulation à Kinshasa était un véritable cauchemar. La route du Tourisme, communément appelée Nzela ya Mayi, est un exemple frappant. Malgré l’instauration du sens unique, les embouteillages persistent. Pour arriver à Kintambo Magasin, il faut une patience à toute épreuve et un portefeuille bien garni, car le coût du transport peut grimper jusqu’à 5.000 FC.

Au niveau du Saut-de-Mouton Pompage, la situation est encore plus critique. Le matin, les taxis-bus sont rares, piégés dans des bouchons interminables. Conséquence : les usagers doivent marcher sur de longues distances ou attendre des heures pour espérer monter dans un véhicule déjà bondé.

Un coût de la vie insoutenable

Le coût de la vie à Kinshasa devient de plus en plus prohibitif. Le prix des loyers ne cesse d’augmenter, poussant de nombreuses familles à s’entasser dans des logements précaires. Trouver un logement décent à un prix abordable relève désormais de l’exploit.

Par ailleurs, se nourrir, se déplacer, payer l’école des enfants, assurer les besoins de base… tout est devenu hors de prix. Ceux qui arrivent encore à jongler avec ces dépenses, surtout les célibataires, méritent une reconnaissance particulière. D’ailleurs, si un tel homme se présente chez vous pour épouser votre fille, réfléchissez bien avant de lui dire non !

“Kinshasa ezo Bonga” ? Un slogan loin de la réalité

Alors que les autorités continuent de prôner « Kinshasa ezo Bonga », la réalité sur le terrain est tout autre. L’insalubrité atteint des niveaux alarmants, y compris à Gombe, où siègent pourtant les institutions du pays. Les caniveaux bouchés provoquent des inondations à chaque pluie, transformant les rues en véritables marécages.

Le phénomène Kuluna, une menace permanente

L’insécurité demeure un fléau majeur. Les Kuluna imposent leur loi dans plusieurs quartiers, rendant la vie des Kinois encore plus difficile. Il est devenu dangereux de tenir son téléphone en main dans la rue, sous peine de se le faire arracher en un instant. D’autres vont même jusqu’à mutiler leurs victimes pour s’emparer de leurs biens.

Malgré les efforts annoncés par les autorités, ces bandes criminelles continuent d’opérer en toute impunité, semant la peur au sein de la population.

Taxis fluviaux : 50 000 Kinois bénéficieront d’un transport plus rapide et sécurisé

Le gouverneur de Kinshasa, Daniel Bumba, a annoncé la mise en circulation prochaine des taxis fluviaux, un projet qui vise à résoudre les problèmes d’embouteillages dans la ville. Ces taxis permettront aux Kinois de se déplacer rapidement sur le fleuve Congo, évitant ainsi les heures perdues dans les embouteillages.

Le projet a été testé le 10 mars 2025, lorsque le gouverneur a effectué une randonnée en bateau entre Majestic River, dans la commune de la Gombe, et N’sele Bambou. Ce trajet de plus de 10 kilomètres a été parcouru en seulement 30 minutes, prouvant l’efficacité de cette solution.

Thierry Katembwe, coordonnateur du projet d’extension de la ville, a assuré que tous les aspects sécuritaires et de confort ont été pris en compte. Selon lui, ce transport fluvial améliorera la qualité de vie des Kinois, tout en offrant une alternative confortable et rapide.

D’ici quelques semaines, 22 taxis fluviaux seront opérationnels. Ces bateaux devraient transporter chaque jour plus de 50 000 passagers, contribuant à alléger la circulation sur les routes de Kinshasa.

Métrokin et le projet d’extension de Kinshasa : Des promesses en attente

En parallèle, les autorités avaient également annoncé un projet d’extension de Kinshasa, incluant la construction d’un métro aérien, surnommé “Métrokin”. Ce projet ambitieux visait à désengorger la capitale en facilitant les déplacements sur de longues distances. Cependant, malgré les annonces officielles, les travaux n’ont toujours pas commencé, et la population attend toujours des avancées concrètes.

L’absence de mise en œuvre de ce projet soulève des interrogations sur la volonté politique réelle d’améliorer la mobilité urbaine à Kinshasa. Alors que le projet de taxis fluviaux voit le jour, les Kinois espèrent que d’autres initiatives suivront rapidement pour transformer durablement la ville.

Kinshasa, une ville à bout de souffle

Face à cet état des lieux, une question s’impose : que font réellement les autorités pour améliorer la situation ? Entre embouteillages chroniques, explosion du coût de la vie, insécurité et insalubrité galopante, la capitale congolaise semble plus que jamais au bord de l’asphyxie.

Récit d’Elie Ndaya

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