Kinshasa s’est réveillée ce matin dans la grisaille. En pleine saison sèche et un 13 juillet, il a fini par pleuvoir autour de 8h30. Des cordes dans certaines parties de la ville et juste quelques gouttes dans d’autres coins de la capitale.
Une pluie de «refus» de la marche de protestation anti-Ronsard Malonda, pour certains. Une pluie de «bénédiction» de la même marche, pour d’autres. Au final, la plateforme politique de l’opposition, Lamuka, a réussi son coup, son pari. Faire descendre des milliers de gens dans la rue, ce n’était pas si évident après la marche de l’UDPS, jeudi 09 juillet, qui s’est soldée par des morts et des blessés tant dans la capitale que dans d’autres villes du pays.
La marche d’aujourd’hui est surtout révélatrice de la popularité d’un des dirigeants de Lamuka, Jean-Pierre Bemba Gombo. Ancien vice-président de la République, ancien sénateur, condamné à une peine de 18 ans de prison par la CPI, puis acquitté par la même cour, le président du Mouvement de libération du Congo (MLC) était resté discret, très discret depuis des mois. A part quelques communiqués co-signés avec ses pairs de Lamuka, on ne le sentait pas trop.
Certains étaient même surpris d’apprendre qu’il se trouvait bel et bien à Kinshasa et qu’il prendrait part à la manifestation anti-Malonda. Malgré la pluie, malgré le covid-19, il a rejoint les manifestants au quartier Debonhomme à Matete. Une foule immense l’a accompagnée durant tout le parcours, dont une bonne partie dans sa jeep. La police qui a encadré la marche, bien qu’interdite par le gouvernement, a négocié avec lui afin que la manifestation s’arrête au niveau de l’Échangeur de Limete.
Que la manifestation n’ait pas atteint le point de chute prévu, le boulevard Triomphal et le palais du peuple, Lamuka ou plutôt Jean-Pierre Bemba a réussi son grand retour sur la scène.
La foule qui a accompagné le leader du MLC, sous les cris de « Igwe, il n’y a que toi pour mettre fin à cette aventure», a bien communié avec lui. A côté des drapeaux du MLC, flottaient aussi ceux de l’ÉCide de Martin Fayulu, d’Ensemble de Moïse Katumbi ainsi que d’autres partis et même de structures créées pour la circonstance.
On l’avait, peut-être, enterré trop vite. Jean-Pierre Bemba reste un animal politique que l’on ne peut négliger. Certes, sa condamnation par la CPI pour subornation de témoins lui colle à la peau et assombrit son avenir politique en termes de participation aux élections si la loi électorale n’est pas modifiée, mais il peut rebondir à tout moment. Il est là et il existe. Et, apparemment, les Kinois lui trouvent des qualités, beaucoup de qualités.
N’tombo Lukuti