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Kinshasa : Églises et changeurs de billets usés inondent les rues

Cambiste/Droit tiers

S’il est vrai que la plupart des Congolais planifient leur réveil, il est également vrai que se réveiller le matin ne dépend pas entièrement de leur volonté. Il est 5h30 du matin à Kinshasa. Les changeurs de billets de banque usés envahissent les rues de la capitale. Mégaphone à la main, avec des messages enregistrés, on peut entendre : “mbongo ebeba, ekufa, ekatana, franc congolais, dollars tozo changer… Na mbongo ya ba chinois…“. Ce qui signifie : “nous échangeons les billets usés en dollars comme en francs congolais, aussi la monnaie chinoise…”

Abordé ce matin, Christian Pelu, 33 ans, diplômé en sciences commerciales de l’Institut supérieur de commerce (ISC), actuellement changeur de billets usés, s’est confié à Lisapo : “Je suis diplômé depuis 10 ans. Faute d’un bon travail, je me contente de ce que je fais aujourd’hui. Je le fais pour la survie de ma petite famille. J’ai une femme et deux petits garçons. Ça fait plus de 5 ans que je suis dans ce métier. J’enregistre le message dans le mégaphone. Ce message peut être changé selon les circonstances. Par exemple, ces jours-ci, je viens de réenregistrer un nouveau message pour me débarrasser de la monnaie chinoise qui semble compliquée à échanger. À cela, il faut ajouter l’achat de piles pour faire fonctionner le mégaphone. Et le matin, je me mets au travail. C’est une activité difficile à réaliser. Il faut juste avoir de la patience et de la détermination. Un mauvais billet de 10.000 FC s’échange à 5.000 FC. Il faut avoir une bonne quantité de billets avant de se présenter à la banque pour échanger. Là aussi, nous avons tissé des relations. Les agents de sécurité nous facilitent la tâche. D’où il faut également débourser quelque chose“, dit-il.

De l’autre côté, la population s’inquiète d’être dérangée par ces changeurs de billets usés, des pasteurs et autres qui commencent la journée avec tant de bruit. Angel Mesa, élève de troisième des humanités littéraires au complexe scolaire Saint Félix de Mombele dans la commune de Limete, s’exprime en ces termes : “Je ne peux pas dire aujourd’hui que je suis en vacances. Pendant la période des cours, j’ai l’habitude de me réveiller à 5h00 du matin pour arriver à l’heure et maintenant, j’ai quand même le droit de me reposer, dormir jusqu’à 8 heures par exemple. Mais, ce n’est pas le cas. D’un côté, nous avons des églises éparpillées à travers les rues du quartier. De l’autre côté, les vendeurs ambulants avec des mégaphones. Je ne sais pas si la décision prise par l’actuel ministre de la justice sera exécutée un jour dans cette ville. Nous en avons marre. On ne refuse pas de prier mais là, on ne sait plus quoi dire“, regrette cette adolescente. Même le samedi, c’est la même situation.

À en croire d’autres Kinois abordés, des policiers qui sont censés exécuter la décision prise par les autorités concernant les tapages diurnes et nocturnes se contentent des miettes payées par ces derniers et leur laissent le champ libre. “Où allons-nous avec cette affaire ?” se demandent-ils.

Si seulement les lois pouvaient être respectées dans ce pays.

Génie Mulobo

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