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Kinshasa : les “Wewas” ou les justiciers de la route

Vous vous prenez pour qui dans ce pays?!“, tonne le commissaire provincial de la police, Sylvano Kasongo, après l’incendie d’un camion sur l’avenue Nguma à Ngaliema par des taximans-moto, en janvier 2020. Ce camion, en panne de frein, avait percuté mortellement une moto-taxi, occasionnant la mort d’une passagère.

En incendiant ce camion, des motocyclistes communément appelés “wewas” ont trouvé un moyen de se faire justice. Et ce n’était pas le premier cas. En octobre 2019 sur l’avenue Kasa-Vubu dans la commune de Kinshasa, c’est un bus Transco (société du transport du Congo) qui a été incendié, après une interpellation policière d’un wewa qui conduisait en sens interdit. Un policier avait tiré par accident à bout portant sur un conducteur de moto après une altercation.

Sans documents

Cette succession de faits analogues avait fini par irriter le chef de la police de Kinshasa qui avait alors annoncé des mesures contre ces conducteurs dont la majorité roulent sans aucun document officiel, encore moins une plaque d’immatriculation.

Mais deux ans après, rien n’a évolué dans ce secteur. Des wewas, surnommés depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi “membres de la famille présidentielle“, continuent de rouler dans l’illégalité et surtout ne se privent pas de se rendre justice en cas d’accident. Ils avaient poussé le bouchon un peu plus loin en organisant une mobilisation pour exiger le départ de Sylvano Kasongo.

Il y a un mois sur l’avenue By Pass à Lemba, ils ont incendié un camion qui a renversé fatalement un motocycliste. Même histoire, il y a deux semaines à Limete 15e rue, une Mercedes 270 a été réduit en cendre après un accident ayant coûté la vie d’un Wewa. Durant plus d’une heure, toutes les Mercedes 207 étaient prises pour cible dans cette partie de la ville, perturbant sérieusement la circulation.

“Tout ça c’est Kabila”

Selon la Commission nationale de prévention routière (CNPR), plus de 60% des accidents au pays impliquent des conducteurs de taxi-moto. Évidemment, ces derniers passent pour les champions du non respect du code de la route.
Ils roulent en sens interdit, font des dépassements hasardeux, stationnent sur la voie… Après, quand le drame arrive, ils sont les premiers à brûler nos véhicules“, déplore un chauffeur de taxi communément appelé ketch qui ne cache pas son “indignation” contre ceux qui, selon lui, sont venus compliquer la circulation routière à Kinshasa.

La Miba a repris les activités. Qu’est-ce-que vous attendez pour rentrer?“, lance-t-il à un groupe de “wewas” après une brève altercation l’un d’eux. Ce conducteur insinue que la plupart d’anciens creuseurs de diamand au Kasaï se sont reconvertis en wewas. “Tout ça c’est Kabila qui vous a construit le pont Loango“, ironise-t-il. Ce pont construit sous Kabila permet aujourd’hui de rallier Kinshasa et le centre du pays par la route.

“Ils sont solidaires seulement si c’est un wewa qui est fauché. Si c’est l’inverse, ils se protègent mutuellement“, ajoute un passager dans ce taxi-ketch.

Pour d’aucuns, commencer à identifier chaque conducteur de moto est un début de solution contre cette anarchie.

SN

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