Lisapo
Evodi K. a 13 ans et est élève en deuxième année secondaire. Contrairement à d’autres filles de son âge, Evodi est une vendeuse ambulante de légumes. Pour cela, elle est contrainte de parcourir plusieurs kilomètres par jour en passant d’une commune à une autre pour écouler sa marchandise. Evodi est reconnaissable par son inséparable bassine en plastique de couleur bleu qu’elle transporte sur sa tête et qui est également son compagnon de tous les jours.
Tôt le matin, sa grande soeur et elle se présentent au jardin maraîcher de kimwenza en quête des légumes. « Je me réveille tous les jours à 5 heures du matin pour aller chercher ma marchandise. Plus tôt, je m’y présente, plutôt je suis servie et je peux rapidement me rendre à mon école », explique-t-elle. Cette routine est très bien rodée avec un timing parfait. Et cela fait déjà une année qu’Evodi vit à ce rythme. « J’y ai déjà pris goût », avoue-t-elle, non sans regrets.
Evodi est tout de même partagée entre cette manne financière et cette corvée qu’elle s’impose. Mais elle reconnaît aussi que son petit commerce de légumes est très rentable. « Quand j’achète des légumes d’une valeur de 10.000 Fc (équivalent de 5 USD), le bénéfice est également de 10.000 Fc », explique-t-elle.
Mais Evodi rêve de mieux. « Je prie le bon Dieu que je tombe, un jour, sur une personne de bonne foi qui me sortira de ce métier pour me donner un travail décent », espère-t-elle. Car explique-t-elle, « tous les jours, ce travail m’éloigne peu à peu de l’école ».
Selon son expérience, ce commerce est épuisant et ingrat. « Après plusieurs kilomètres à pied, je peux tomber sur des clients qui dévaluent la qualité de mes légumes pour me pousser à accepter un montant au rabais », se plaint-elle presque en larmes.
Cependant, elle préfère continuer à vendre ses légumes que de rester à la maison à ne rien faire. D’ailleurs, elle encourage les filles de son âge et qui connaissent des difficultés à recherche une petite activité génératrice de recette.
JW
