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Kinshasa : Une demi-journée avec un chauffeur de bus 207

N’est pas chauffeur de bus Mercedes 207 qui le veut. Dans le secteur des transports en commun à Kinshasa, ces véhicules sont baptisés « esprit de mort ».  De l’avis de l’opinion locale, les conducteurs de ces bus sont généralement considérés comme de petits fous, des fumeurs de chanvre ne respectant généralement pas le code de la route. Ils sont également à l’origine de pas mal d’accidents de circulation dans la capitale. Mais pour les comprendre, un reporter de Lisapo a décidé de passer une demi-journée avec un de ces chauffeurs de 207.   

Kinshasa, 5h00. Fedo, saute au volant de son minibus Mercedes Benz 207 pour assurer le transport en commun. Son receveur (le convoyeur chargé de recueillir l’argent auprès des passagers, Ndlr) le rejoint.  Pour ce début de journée, le conducteur et son convoyeur n’ont pas une ligne fixe à desservir. Les deux hommes s’accordent sur l’itinéraire par rapport à la réalité sur terrain. Celle-ci est déterminée par le nombre de clients aux arrêts des bus à destination d’un lieu quelconque. De commun accord, ils embarquent les passagers qui vont au grand marché en empruntant l’avenue By pass. 

« Aucun itinéraire n’est préalablement établi et /ou respecté », confie Fedo, du haut de ses 15 ans d’expérience.  « Le trajet à prendre dépend en majeur partie de l’engouement des clients dans des arrêts de bus mais surtout de la fluidité de la circulation sur la route en question.  Autrement, c’est une perte de temps », raconte-t-il.  

Selon Fedo, ces véhicules 207 ont beaucoup de contraintes d’ordre technique. Et lui doit tenir chaque jour 16 heures au volant.  « Ce n’est pas facile », confie-t-il.  

« Être un conducteur de Mercedes Benz 207 n’est pas une mince affaire. Cela demande beaucoup de tacts, de sang-froid, de délicatesse, etc », explique Fedo.  Ce véhicule n’est pas comme tous les autres véhicules utilisés dans le transport en commun. Sur les autres véhicules, tout est presque au point. « Alors que le 207 roule avec des pièces en moins. Nous avons constaté que les freins arrière de ce véhicule fait patiner les roues,  pour limiter les risques de circulation, nous avons résolu de supprimer carrément les freins des roues arrière pour ne garder que ceux des roues avant », raconte Fedo. Ce n’est pas tout.

Outres le problème des freins il y a aussi les rotules, le boitier, la scie-avant qui ne sont pas vraiment très adaptés au transport en commun.  « J’ai par exemple du mal à faire un tour complet de mon volant parce que ce dernier présente des espacements ou des vides. A la moindre inattention… c’est le dégât », explique Fedo.  

«Nous avons fini, expérience aidant, par comprendre que tout le monde au volant d’un véhicule dans les artères de Kinshasa n’est pas forcément un chauffeur », fait savoir Fedo.   Pour lui, « beaucoup de conducteurs, taximen ne savent pas interpréter le code de la route. Les conducteurs de taxis moto sont pires.  Les piétons aussi ne savent pas  comprendre le sens des rares feux de signalisation existant. A cela il faut ajouter à l’ignorance de ces usagers de la route, certains agents de police de circulation routière qui ne comprennent pas la mission leur assignée dans des carrefours. Conséquence, nous assistons à des accidents à répétition, des véhicules qui roulent sans documents de bord en toute quiétude… », fait remarquer Fedo.                                                                                                                                                       JW

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