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Le boulevard du 30 Juin à Kinshasa, souvent comparé aux grandes artères du monde comme les Champs-Élysées à Paris ou la Cinquième Avenue à New York, est censé être l’une des vitrines de la capitale. Un symbole de prestige. Pourtant, la réalité est tout autre : une image dégradée, désordonnée, loin de son lustre d’antan.
Autrefois lieu d’élégance, bordé des plus beaux magasins et des immeubles les plus imposants du pays, le boulevard s’est transformé en un immense marché à ciel ouvert. Chaque jour, des jeunes femmes et hommes, souvent mal habillés, se faufilent entre les véhicules, vendant boissons en plastique, aphrodisiaques, nourritures, vêtements, serviettes, porte-clés, services de nettoyage des chaussures, accessoires d’ornement pour maison ou véhicule… aux passants et conducteurs. Ces derniers sont constamment sollicités, que ce soit par des marchands ou des cireurs de chaussures.
À côté de ces vendeurs, on retrouve aussi des enfants de la rue – les “shegués” – et des personnes vivant avec un handicap. Eux ne vendent rien. Leur activité, c’est la mendicité. À intervalles réguliers, on les voit courir derrière des 4×4 flambant neufs. “Ils connaissent tout le monde. Célébrité, politique, dignitaire… s’ils courent, c’est qu’ils ont repéré quelqu’un susceptible de leur offrir quelques billets. Ce sont des pères de famille. Ils passent la journée ici”, explique un agent de sécurité d’un immeuble sur le boulevard.
“Ce phénomène, amplifié par les bouchons incessants, se déroule au cœur même de Kinshasa, sur l’artère qui incarne symboliquement la grandeur de la ville”, s’inquiète un chauffeur de taxi du tronçon Magasin Kintambo-Gare Centrale.
L’insalubrité et le manque de professionnalisme des commerçants dénaturent la beauté du lieu. Il n’y a pas que les vendeurs ambulants. Il y a aussi ceux qui mettent leurs étals sur le trottoir. Au lieu de profiter d’une avenue modernisée, habitants et visiteurs sont confrontés à un environnement bruyant, encombré, sale et dégradé.
“Il arrive que vous les voyiez courir en masse. C’est généralement quand la police débarque pour tenter de rétablir un semblant d’ordre”, ajoute le chauffeur.
Le manque de contrôle et l’absence de régulation ont transformé ce boulevard, jadis fierté de la capitale, en miroir de la négligence et de la précarité. “Même balayer le boulevard devient une chose que nous ne voyons que très rarement”, confie-t-il.
Si le gouverneur actuel veut réellement redorer l’image de Kinshasa, le boulevard du 30 Juin devrait en être le point de départ. Non seulement pour son importance historique, mais aussi pour sa place centrale dans le paysage urbain.
Il est temps que les autorités repensent la gestion des espaces publics, de restaurer l’ordre et de faire de ce lieu un symbole digne de l’histoire de Kinshasa. L’entretenir, c’est préserver sa beauté et offrir aux Kinois une vitrine fidèle à la grandeur de cette megapole.
Bahatiquement
