Depuis 2017, le jeune chercheur congolais, Dr. Jérôme Munyangi, a installé la maison Artemisia à Kinshasa. Cette initiative qui met en avant les vertus de la plante dans le traitement contre le paludisme est présente dans six provinces en RDC, et dans 23 pays africains. Dr. Pika Longila,responsable Kinshasa et chargé de communication a ouvert ses portes à Lisapo.info.
C’est entre 2014-2015 que Dr. Jérôme Munyangi met pour la première fois en exergue les bienfaits d’Artemisia, d’abord lors de ses études dans un laboratoire français et ensuite, sur le terrain dans le Maniema. Il mène une étude comparative et conclut que l’Artemisia en iinfusion élimine jusqu’à 98 % la malaria, alors que les dérivées comme les ACT Artesunate Amodiaquine sont à près de 79% « C’est là qu’est parti le déclic et on a commencé à nouer des partenariats un peu partout en RDC avec des coopératives, pour sa vulgarisation », rappelle Dr. Pika Longila, responsable à Kinshasa.
Cette trouvaille a semblé déranger les intérêts des firmes pharmaceutiques internationales. Dr. Munyangi comptera notamment sur le soutien d’une française,Lucile Cornet Vernet, Fondatrice de la Maison de l’Artemisia. C’est elle, qui après son arrivée en France pour sa maîtrise en 2013, va le convaincre de mener ces essais cliniques à Lubile au Maniema avec la tisane d’Artemisia.

Aujourd’hui, la voix de ce jeune chercheur médecin congolais est écoutée, même si l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) n’a pas encore approuvé sa solution totalement.
« Par ailleurs, l’OMS sait que l’Artemisia est efficace, se référant aux études et témoignages. Sauf qu’elle craint que sa consommation à grande échelle puisse développer une résistance dans la population parce que la plante contient l’Artemisinine, principe actif dans la fabrication des ACT. Mais le Dr. Jérôme Munyangi a proposé des recherches pour étudier cet aspect craintif au sein de la population d’autant plus que l’infusion à l’Artemisia est une polythérapie. C’est une étude à réaliser dans l’avenir. Et, je crois que l’OMS sera convaincue », indique Dr. Pika Longila.
Soigner oui mais sensibiliser aussi
La Maison de l’Artemisia RDC a trois missions principales : multiplier les recherches sur la plante Artemisia Annua et Afra, sensibiliser la population sur son utilisation et ses bienfaits et enfin assurer des formations certifiantes responsables. Ceci, afin de créer des pôles de compétences en nouant des partenariats. Sur le continent africain, 80 maisons sont reparties dans 23 pays actuellement.

En RDC, elle est présente dans six provinces : Nord-Kivu, Sud-Kivu, Maniema, Haut Katanga, Kinshasa et Kongo central. Le bureau de Kinshasa a ouvert ses portes en 2017. « Nous accueillons plusieurs personnes, surtout ceux qui sont résistants, déçus par les ACT (combinaisons thérapeutiques à base d’artemisinine) et autres antipaludéens. On leur demande de faire un test donc une goutte épaisse en amont et en aval. Après traitement, ils témoignent ne plus connaître des problèmes permanents de malaria à tropho », note Dr Pika Longila.
Le traitement est proposé en tisane. Infuser 5 grammes (équivalent à une cuillère à café ou à soupe rasée) de tisane en poudre dans 1 litre d’eau chaude. Et le tour est joué. Si la tisane n’est pas traduite en poudre, il faut infuser une poignée de l’herbe séchée.
Toutefois, Dr Pika Longila souligne que pour une consommation à grande échelle, il est nécessaire de mener des tests micro-bactériologiques. « Mais chacun, chez lui, peut avoir un petit potager. Il suffit de bouillir proprement et de consommer la plante. »

Intérêt croissant de la population pour la solution artemesia
Au-delà du traitement, la maison de l’ Artemisia est aussi active dans les sensibilisations. « Par exemple, chaque 25 avril, Journée internationale contre le paludisme, on a l’habitude de tenir des ateliers, conférences, colloques et des vulgarisations dans les églises, écoles… », précise Dr Pika. Il estime à plus de 500.000 tisanes distribués par les maisons de l’artemisia RDC depuis le début de ses activités au pays.
“Notre bilan est positif. Au fur et à mesure qu’on avance, la population s’y intéresse. Il y a toute une file aujourd’hui de personnes qui viennent chercher des produits. Au début, il fallait vulgariser et sensibiliser. Montrer qu’il y a une alternative à la prise en charge du paludisme”, rappelle-t-il. Notre objectif était de faire bénéficier à chaque famille d’une plante d’artemisia. Pour cela, il fallait cultiver. La chaîne de valeur d’artemisia nécessite une équipe pluridisciplinaire. Il s’adit d’agronomes, de médecins, de chimistes, de pharmaciens, d’informaticiens-graphistes, d’ouvrier… En amont, il faut vendre pour payer cette main d’œuvre. Mais c’est une action totalement humanitaire ».
La maison d’artemesia vend la cure emballée dans un paquet de 40g à 3$. Un prix, selon Dr Pika, largement inférieur à la plupart d’antipaludéens vendus sur le marché.
SN