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Masque et gel hydro-alcoolique sont-ils encore nécessaires et obligatoires?

Chronique de la vie à Kinshasa

Samedi de la semaine dernière, j’ai participé à une fête de mariage coutumier à Lemba. Les mariés étaient tout beaux. De la bouffe en abondance, de la boisson aussi. La musique était belle. Les mariés, des gens du Kwilu, ont fait appel à un orchestre de leur terroir, « Mokamo ». Pas de Koffi ; pas de Gims, pas de Fally, pas de Luambo, pas de Tabu Ley, pas de Werrason, pas de Davido ou de Dadju. Bref, rien que de la musique « made in Bambala ». J’ai vu les gens se trémousser sur la piste durant des heures, esquissant à l’unisson les mêmes pas de danse dans une belle chorégraphie. Tout était donc si beau et la fête très bien réussie pour le couple et ses invités.

Sauf que j’étais quasiment le seul des invités à porter un masque. Ici, les gens préfèrent dire « cache-nez ». A un moment donné, j’ai cru être, avec mon « cache-nez », un extraterrestre dans une foule d’inconscients. Personne ne s’imaginait qu’il pouvait attraper le covid-19 en ce lieu de réjouissances. Or, il y avait effectivement foule pour un simple mariage coutumier.
Malgré l’anachronisme de la situation, je n’ai pas eu le courage de retirer mon masque et l’ai donc gardé bien vissé, cachant aussi bien la bouche que le nez. Les fêtards doivent m’avoir pris pour un « peureux », ou un « engalisa » du coronavirus. Je devais passer pour quelqu’un qui exagère alors que la pandémie serait en net recul dans le pays et même à Kinshasa en nombre de nouveaux cas ou de décès.

Question tout de même : doit-on continuer à porter le masque et pourquoi ? Quand je suis les informations, je constate que tous les spécialistes, hormis les charlatans, s’accordent sur la nécessité de porter encore le masque. Dans certains pays, on en fait même une exigence dans les lieux publics et surtout fermés, dans les transports publics. Certains pays fortement touchés ont même tendance à re-limiter les mouvements des populations et recommander le respect des gestes barrières.

Ici chez nous, le port du masque est devenu aléatoire. Les gens le portent juste pour éviter des problèmes avec les policiers un peu tatillons, quand ces derniers s’avisent à rappeler à l’ordre ceux qui ne le portent pas. Mais ils le font si rarement que les gens ne trouvent plus aucune justification à se donner de la peine à porter le masque, les policiers eux-mêmes n’en portant pas.

Quant aux autres gestes barrières, très peu les respectent. Dans la fête de mariage dont question ci-haut, j’ai vu les gens se saluer abondamment et dans la bonne humeur comme avant : tête contre tête, poignée des mains très appuyée, accolades, embrassades, bisous,… alors que moi je restais presque dépaysé avec ma salutation par le coude. Je devais vraiment faire « vieux jeu » face aux gens, qui donnaient l’impression d’avoir repris cette bonne joie de vivre sans contraintes sanitaires imposées. Alors que j’avais mon gel hydro-alcoolique, je ne l’ai utilisé que quand il s’est agi de manger, trop honteux de le sortir pour l’utiliser après de nombreuses salutations, malgré moi, poing contre poing.

Hier soir, j’ai encore expérimenté ce retour à la vie « normale ». J’étais encore quasiment le seul, vers 22 heures, à circuler avec un masque mis comme il faut. Toutes les personnes ou presque que j’ai rencontrées sur ma route ne portaient pas de masque. Celles qui en avaient ne le portaient pas correctement ; d’autres le tenaient juste en main.

Alors, cher cousin, suis-je normal ou pas ? Suis-je obligé de faire comme tout le monde ou pas ? Que dois-je faire ? Hier soir, j’ai vraiment eu la sensation que ce masque devenait un truc quelconque, inutile face à l’insouciance des autres. Je me suis toutefois dit qu’il me fallait encore être prudent. De nombreux organismes continuent à fonctionner en mode télétravail ; des gens continuent à porter le masque et à faire usage du gel hydro-alcoolique. C’est peut être une minorité, mais c’est quand même des personnes de chair et de sang, des gens comme moi, qui sont conscients que le covid-19 existe et peut encore faire mal, très mal. Alors, ce matin en arrivant au bureau, masqué, j’ai utilisé mon gel hydro-alcoolique. On ne sait jamais. En ce moment où des prestataires des équipes de riposte contre le covid-19 sont en grève pour non paiement de leurs primes, il ne faut pas attraper cette sale grippe.
A plus.
Tien, Franck

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