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Modernisation de l’aéroport de N’djili : les contrats chinois passés sous scanner

L’Agence de prévention et de lutte contre la corruption (APLC) est engagée depuis quelques mois dans une analyse approfondie du contrat sur la rénovation de l’aéroport international de N’djili. Des sources relayées par Africa Intelligence révèlent que des inspecteurs de l’APLC ont fait une descente sur ce site afin notamment de vérifier l’état d’avancement des travaux confiés à Sinohydro une entreprise chinoise et qui piétinent depuis neuf ans. Cette entreprise devait rénover la piste et construire une nouvelle aérogare.

Lancés sous la présidence de Joseph Kabila, les travaux de rénovation et de modernisation de cette porte d’entrée de la République n’ont guère évolué. Si la piste a effectivement été raccourcie de 700 mètres pour la ramener à 4000 mètres au lieu de 4700 mètres, longueur jugée surdimensionnée, 45 mètres seulement sur les 60 mètres de largeur ont jusque-là été réhabilités. Pour un contrat de 65 millions de dollars américains, on peut dire que Sinohydro ne se hâte visiblement pas pour respecter ses engagements.

Des millions payés pour rien

La même indolence est constatée dans les travaux de construction de la nouvelle aérogare. Confiés à une autre entreprise chinoise du nom de Weihai International Economic & Technical Cooperative (WIETC), ces travaux sont quasiment à l’arrêt depuis décembre dernier. Alors que la première pierre avait été posée par Joseph Kabila en mai 2018, seules les fondations du site ont été achevées trois ans après. Tout récemment un village d’ouvriers a tout de même été installé à proximité, laissant présager la reprise des travaux. On notera toutefois que WIETC a sous-traité une partie des travaux à Sinohydro.

Selon des sources relayées par Africa Intelligence, cette situation s’expliquerait par le mode de financement de l’infrastructure, qui devait bénéficier d’un prêt de plus de 300 millions de dollars de l’Export Import Bank of China et d’un apport de 50 millions de dollars de la RDC. Le pays n’aurait déboursé jusque-là que 20 millions de dollars sur les 50 promis, ce qui aurait poussé la partie chinoise à retarder le déblocage des fonds promis tant que le gouvernement congolais ne respecte pas ses engagements à débloquer les 30 millions restants.

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Les enquêteurs de l’APLC ont toutefois noté que bien que les fonds promis par la partie chinoise n’ont pas été totalement débloqués, des intérêts s’appliquent déjà et seraient même déjà payés. On parle de plusieurs millions de dollars versés à la partie chinoise. D’où des interrogations des experts de l’APLC sur la régularité dudit contrat et les modalités de son application.

Par ailleurs, en collaboration avec le procureur général près la cour d’appel de Matete, l’APLC s’intéresse aussi sur d’autres marchés passés par la Régie des voies aériennes (RVA). On évoque à ce sujet le cas du parking de l’aéroport. Chaque automobiliste paie 5 dollars pour y parquer son véhicule, mais les recettes réalisées ont du mal à être retracées.

L’APLC note aussi l’opacité dans le contrat d’entretien du pavillon présidentiel confié à un prestataire extérieur, mais qui est en fait réalisé par la RVA elle-même alors que ledit prestataire est payé 40 000 dollars par mois par la RVA. Des indiscrétions obtenues par Africa Intelligence tendent à accréditer la thèse d’une société-écran liée à l’ancienne famille présidentielle.

N’tombo Lukuti

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