
C’est fait. Et, c’est sans surprise. Le Front commun pour le Congo, FCC de Joseph Kabila Kabange, n’a fait qu’une bouchée de son partenaire dans le changement. Même à Kinshasa, le FCC n’a laissé aucune chance au Cap pour le changement (CACH) de Félix Tshisekedi. Trop glouton, voulant sans doute rappeler au président de la République qu’il doit compter avec lui, composer avec lui de gré ou de force, le FCC vient là de démontrer qu’il va continuer à broyer, à boulonner tout sur son passage. Les Kinois qui espéraient un vrai changement à la tête de la ville-miroir du pays, n’ont que leurs oreilles et yeux pour constater les dégâts.
Oui, c’est bien le tandem Gentiny Ngobila – Néron Mbungu qui va diriger la ville durant les cinq prochaines années. Le duo Laurent Batumona – Gecoco Mulumba n’a pas fait le poids face à la gloutonnerie du FCC, même si cette fois les 12 voix de l’Udps sont bien allées au candidat du parti de la 11ème rue. Le très attendu et entrepreneur Deo Kasongo (Show Buzz) n’a non plus été à la hauteur, la machine FCC ayant bien serré tous les boulons pour éviter toute surprise conduisant à un déboulonnage du système en place durant 18 ans.
Dans la ville, c’est quasiment le deuil. Les habitants de la capitale sont convaincus que Gentiny Ngobila va perpétuer le système installé depuis 12 à Kinshasa par André Kimbuta Yango avec comme bilan, une ville en décrépitude, ployant sous de tonnes d’immondices, non éclairée, sale. On s’étonne par ailleurs que 29 députés provinciaux aient choisi de coucher sur leurs bulletins de vote le nom d’une personne sur qui pèsent des soupçons d’une gestion floue de l’affaire du massacre de Yumbi. Mais, comme le ridicule ne tue pas, on peut bien se contenter de cette hérésie.
Gentiny Ngobila va donc diriger la ville, notre ville, notre cher Kinshasa. Cette ville que nous aimons malgré ses kuluna, ses avenues mal famées, ses interminables terrasses diffusant une musique à bousiller les tympans, son courant fourni par intermittence, son eau potable qui ne coule des robinets dans de nombreux quartiers que tard la nuit…
Oui, ce Kinshasa là avec ses églises qui font du tapage diurne et nocturne sans être inquiétées, qui dissimulent mal ou pas du tout la crasse qui envahit ses avenues à chaque pluie, petite fut-elle, aura comme gouverneur un homme qui n’a aucun bilan sérieux de sa gestion à la tête de la province du Mai-Ndombe, dont la capitale, Inongo, n’est qu’un gros village malgré son aérodrome.
Alors, quoi ? C’est la loi de la démocratie ? On doit s’incliner ? On doit dire « Félicitations à Son Excellence Monsieur Gentiny Ngobila, Gouverneur de la ville de Kinshasa » ?
On ne peut certes présumer qu’il sera sur les traces de son prédécesseur, le « Haut Sommet », mais on voit mal d’ici le changement. Bon, comme il faut de tout pour faire un monde, on lui souhaite tout de même bonne chance. Qui sait si un sursaut d’orgueil va l’amener à faire tellement bien son travail qu’il sera épargné du projet de déboulonnage du système que compte appliquer Félix Tshisekedi.
Aujourd’hui, et même si c’était prévisible, le président de la République sait que son partenaire dans le changement ne lui laissera jamais le temps de diriger comme il l’entend. C’est à lui de tirer les conséquences de cette nouvelle déconvenue après la déculottée reçue lors des sénatoriales.
FMK