Les récentes ordonnances présidentielles ont ravivé les tensions au sein de l’UDPS, le parti présidentiel. Plusieurs cadres et militants se disent frustrés par la tournure que prennent les nominations dans les institutions publiques.
En cause, une influence croissante d’une communauté religieuse : l’Église Philadelphie, dirigée par le pasteur Roland Dalo. Longtemps discrète, cette église pentecôtiste occupe aujourd’hui une place visible dans les rouages de l’État.
Selon plusieurs sources, une vingtaine de postes stratégiques sont désormais entre les mains des fidèles ou proches de cette église. Des nominations qui suscitent des interrogations jusque dans les rangs du parti au pouvoir.
L’évêque Pascal Mukuna, proche du pouvoir mais critique, a affirmé que le président Félix Tshisekedi aurait été “pris en otage” par l’Église Philadelphie. Une accusation grave qui traduit un malaise plus profond.
Face à la colère de la base, le Secrétaire général Augustin Kabuya a tenté de rassurer. Devant les combattants de l’UDPS à Kinshasa, il a déclaré : « Nous ne sommes pas derrière le chef de l’État pour les postes […] nous, nous resterons toujours derrière lui ».
Mais cette déclaration ne semble pas avoir suffi à calmer les tensions. Car au sein du parti, une autre voix se fait entendre, celle de Déo Bizibu, en conflit ouvert avec Kabuya pour le poste de Secrétaire général.
Sur son compte X, Déo Bizibu a lui aussi appelé au calme : « Nous appelons les combattantes et combattants à l’apaisement car un travail de fond est en cours. »
Malgré cet appel, la rivalité entre Kabuya et Bizibu continue d’affaiblir le parti, déjà secoué par une gestion interne contestée. Les interventions de la mère du président et du chef de l’État lui-même n’ont pas encore réussi à apaiser cette crise.
Pendant que l’UDPS se divise, l’Église Philadelphie, elle, avance lentement mais sûrement dans les hautes sphères de l’administration. Une situation qui crée un déséquilibre dans les équilibres politiques internes.
La question reste posée : comment le parti au pouvoir compte-t-il regagner la confiance de sa base tout en gérant l’influence croissante des cercles religieux proches du président ?
Elie Ngandu


