Toute la journée d’hier, les Kinois n’ont pas arrêté de discuter des faits saillants de la première audience du procès Vital Kamerhe. Certains ont trouvé le leader de l’Union pour la nation congolaise (UNC), principal et quasi unique allié véritable de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) dans la plateforme politique Cap pour le changement (CACH), très pugnace, à la limite tendu, un peu arrogant et trop bavard pour un procès qui pourrait s’avérer être une course de fond mais pas une course de vitesse.
D’autres ont tout de même aimé ce côté offensif, incisif. D’autres encore estiment qu’en cherchant à créer le doute dès le départ et en suggérant que la justice aurait dû conduire devant la barre neuf autres acteurs-clés de la coordination du programme des 100 jours du chef de l’Etat, Vital Kamerhe épuisait ses cartouches trop tôt, au point d’en manquer par la suite, de très dévastatrices.
Qu’à cela ne tienne, celui qui est encore aujourd’hui officiellement directeur de cabinet du président de la République malgré 33 jours passés derrière les barreaux en détention préventive à la prison centrale de Makala après son audition par le parquet général près la cour d’appel de Kinshasa/Matete le 08 avril 2020, joue son va-tout. Il veut prouver qu’il ne mérite pas de se retrouver devant la barre ou tout au moins pas seul si la justice a des griefs à lui reprocher dans sa gestion du programme d’urgence du chef de l’Etat.

Vital Kamerhe devra jouer serrer, mieux organiser sa défense et surtout ne pas transformer son procès en une simple tribune politique où il règlerait des comptes à des alliés ou à des adversaires politiques, qui ne lui veulent pas que du bien. Ce sont les faits qui pourraient lui permettre de se sortir de ce pétrin, surtout que l’opinion publique le destine déjà à une longue peine de prison assortie de plusieurs années d’inéligibilité. Le Kinois lambda le croit en effet coupable de détournement de plusieurs dizaines de millions de dollars américains du programme des cents jours.
A la cité, certains n’hésitent pas à lui demander de « rendre nos millions qu’il a volés». Il sera difficile dès lors à celui qu’on désigne désormais beaucoup plus par ses initiales « VK » de laver son honneur souillé, l’opprobre jetée sur son nom. De « faiseur de roi » qu’il était, il ne sera plus qu’un « corrompu », un « voleur » si la justice lui oppose des faits, des chiffres, des éléments qui fondent l’intime conviction des juges.
VK doit également tenir compte du fait que les juges sont comme le commun des citoyens. Ils sont connectés aux réseaux sociaux où pullulent des informations multiples qui peuvent influencer, d’une façon ou d’une autre, l’appréciation des uns et des autres sur cette affaire. Des photos, des vidéos, des déclarations ante-procès parfois sorties de leur contexte seront brandies pour clouer les protagonistes de cette affaire.
Le 25 mai prochain, les Congolais attendent aussi que les faits soient, enfin, exposés dans ce procès. Qui a fait quoi ? Qui a signé quoi ? Qui a conclu quoi ? Qui a touché les millions et combien? Où en est-on avec les logements sociaux prétendument commandés en Turquie et qui moisiraient dans des ports en Tanzanie ou en Angola ? Combien coûte réellement un logement social rendu Turquie ? Quelle est la part réelle des responsabilités de VK dans ce dossier ? Qu’a-t-il fait concrètement et pourquoi ? Autant d’interrogations pour lesquelles des réponses claires doivent être apportées. Des témoins cités doivent également comparaître pour aplanir tout doute.
FMK