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Quand Théodore Ngoy, Fayulu, la Bcdc et Rawbank m'énervent

Chronique de la vie à Kinshasa

Cher cousin,
Ma journée n’aurait pas plus commencé si je ne m’étais pas rendu ce matin à la Bcdc/Limete 7ème rue. Je voulais vérifier si mon compte salaire avait été crédité. Surprise : toujours rien. Le distributeur automatique me sort le ticket où il est repris ces indications : « solde + 0.00 cdf ». Nous sommes pourtant le 3 septembre, mais mon maigrichon salaire du mois d’août n’est toujours pas payé.

Par acquis de conscience, je tente du côté de la Rawbank pour voir si ma prime du mois d’août est disponible. Là, je constate que le DAB est « hors service ». Impossible donc de vérifier mon solde. J’appelle alors un collègue qui me déconseille d’aller plus loin. « Il n’y a toujours rien. Nos comptes ne sont pas encore crédités. Il faut espérer la semaine prochaine», me dit-il.

Alors que, furieux, je m’éloigne de ce lieu, je surprends une vive conversation sur l’affaire Théodore Ngoy – Martin Fayulu. Deux gars discutent avec force arguments sur l’opportunité ou non de cette démarche qui viserait à obtenir du parlement la mise en accusation du président de la République pour «haute trahison» ou «violation intentionnelle de la constitution» dans le dossier de nomination des juges de la cour constitutionnelle, de la cour de cassation et du conseil d’État.

Les arguments développés reposent apparemment sur les convictions politiques des deux «débatteurs». Après les avoir longuement suivis, je leur fait comprendre que Théodore Ngoy et Martin Fayulu ne sont jusque-là que dans les intentions et qu’aucune démarche n’a été formellement entreprise par eux. Bien plus, ce n’est pas au parlement qu’ils devraient s’adresser, mais plutôt au procureur général près la cour constitutionnelle, seul habilité à actionner les leviers dans le cas d’espèce.

C’est lui qui reçoit les dénonciations et les examine. C’est aussi lui qui peut saisir le parlement afin d’obtenir du congrès l’autorisation de poursuites contre le président de la République. Si cette autorisation lui est accordée à la majorité absolue de 2/3 des membres du congrès, il peut entendre le président de la République et réunir les éléments pour peaufiner son dossier.

S’il estime avoir réuni suffisamment d’éléments, le procureur général saisit le parlement afin d’obtenir du congrès l’autorisation de mise en accusation. La résolution y afférente doit être approuvée à la majorité absolue de 2/3 des membres qui composent le congrès, soit 405 au moins sur les 608 membres du congrès. Ce n’est qu’à l’issue de ce processus que le procureur peut saisir le président de la cour constitutionnelle aux fins de fixation de l’affaire. Le président de la République peut, à ce stade, être placé en détention ou mieux en résidence surveillée.

Nombre d’observateurs notent que Me Théodore Ngoy, avocat et professeur de droit, devrait prendre en compte ces dispositions légales quant à la procédure de mise en accusation du président de la République. Tout donne à penser que les déclarations faites sont allées plus loin que les faits. Quant à Martin Fayulu, on se demande bien, cher cousin, ce qu’il a à gagner dans cette bataille après avoir perdu celle de la «vérité des urnes», au nom sans doute du bon sens.

Martin Fayulu avait-il gagné l’élection présidentielle du 30 décembre 2018? C’est possible, si on en croit de nombreux rapports de missions d’observation du scrutin. Non, si on en croit la CENI et la cour constitutionnelle qui ont proclamé Félix Tshisekedi vainqueur de l’élection.
Martin Fayulu est-il dans son droit de haïr Félix Tshisekedi pour lui avoir, semble-t-il, volé sa victoire? C’est compréhensible. Mais est-ce Félix Tshisekedi qui était à la manœuvre à la CENI ou à la cour constitutionnelle? Non. Si le deal Tshisekedi – Kabila a fait basculer les choses en défaveur de Fayulu, ce dernier devrait-il s’en prendre à Félix Tshisekedi ? Doit-il prendre la courte échelle pour déstabiliser Félix Tshisekedi en prenant pour béquille le parlement dont il dénie la légitimité et la cour constitutionnelle, qui lui avait, apparemment, joué un mauvais tour lors de l’examen du contentieux de l’élection présidentielle?

Le «soldat du peuple» a mieux à faire que se lancer dans des combines qui pourraient plonger le pays dans le chaos, même si on ne se fait pas de cadeau en politique. Il a aussi le droit de s’allier à n’importe qui, même avec le FCC, l’Udps étant mal placée sur ce plan pour lui faire la morale, elle même étant liée au FCC dans la coalition qui dirige le pays.

Cher cousin,
2023, c’est dans trois ans. La bataille sera rude pour succéder à Félix Tshisekedi. Tout peut arriver entre-temps. Des alliances peuvent se nouer et se dénouer. Les ambitions des uns et des autres seront déterminantes.
A plus
Tien, Franck

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