Jules Alingete n’est plus Inspecteur Général des Finances. Il a été remplacé par Christophe Bitasimwa Bahii, nommé chef de service de l’IGF par une ordonnance présidentielle ce mercredi 7 mai 2025.
Ce départ met fin à cinq années d’un mandat marqué par des actions fortes contre la corruption. Dès son entrée en fonction, Alingete s’était lancé dans un vaste chantier d’assainissement des finances publiques.
Il a révélé plusieurs détournements dans les entreprises publiques comme la Gécamines, la SNEL ou encore la REGIDESO. L’IGF avait aussi dénoncé les exonérations abusives qui privaient l’État de milliards de dollars chaque année.
Sous sa direction, l’IGF a contribué à renégocier le contrat sino-congolais. Ce contrat a été réévalué à plus de 7 milliards de dollars. Le gouvernement a salué cette performance.
Mais ces actions ont aussi attiré des critiques. Alingete a été accusé d’agir avec excès, de viser certaines personnalités et de politiser son travail. Des soupçons de malversations ont aussi circulé, notamment sur des honoraires reçus auprès d’entreprises publiques.
Après son remplacement, Jules Alingete a réagi calmement sur son compte X (ex-Twitter) : « Mes très sincères félicitations et vœux de succès au nouvel IGF – Chef de service, Mr Christophe Bitasimwa. Je tiens à exprimer toute ma gratitude à Son Excellence Monsieur le Président pour la confiance placée en ma modeste personne durant ces 5 années passées à la tête de l’IGF. »
Aujourd’hui, l’opinion est partagée. Pour certains, Alingete a posé les bases d’une IGF active et indépendante. Pour d’autres, son départ était devenu nécessaire pour tourner la page des scandales.
Il avait d’ailleurs préparé le terrain depuis plusieurs années. En 2022 déjà, dans une interview à la Voix de l’Amérique, il annonçait son intention de prendre sa retraite quand le président le déciderait.
« Je suis fier de ma carrière de haut fonctionnaire. J’ai intégré l’IGF à 25 ans en qualité d’inspecteur stagiaire. J’ai gravi les échelons pendant 34 ans pour arriver au sommet. C’est une fierté pour moi de terminer ma carrière et aller me reposer quand le Président de la République le voudra », avait-il affirmé.
Trois ans plus tard, cette parole est devenue réalité. Le chef de l’État l’a non seulement mis à la retraite, mais l’a aussi élevé au rang d’émérite, un honneur réservé à ceux qui ont marqué l’administration publique.
L’après-Alingete s’ouvre donc avec des attentes fortes. Le nouveau patron de l’IGF, Christophe Bitasimwa, devra préserver les acquis, mais aussi rassurer sur l’indépendance, l’équilibre et l’éthique dans la conduite des enquêtes financières.
Elie Ngandu