in , ,

RDC : Kabila avait-il quitté le pouvoir de gré ou de force ?

L’annonce le 6 août par le président ivoirien, Alassane Ouattara, d’un troisième mandat présidentiel a eu un effet particulier en République démocratique du Congo. Le lien a été vite fait avec la RD-Congo où le débat s’est ouvert sur Joseph Kabila qui, après deux mandats constitutionnels, s’était retiré en 2018, permettant une première alternance politique à la tête du pays. Ses partisans le présentent comme un exemple dans un continent où des chefs d’Etat n’hésitent pas à toucher à la Constitution pour s’éterniser au pouvoir.

« A 47 ans, Joseph Kabila est devenu le seul président africain, accusé à tort de dictature, mais à avoir organisé les élections, sans appui extérieur et sans être lui-même candidat. Il est le premier à céder pacifiquement le pouvoir à un candidat issu de l’opposition. Notre lutte est noble », pouvait-on lire sur le compte twitter du PPRD, le parti politique de Joseph Kabila. Alors qu’en Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, 78 ans, annonçait sa candidature pour un troisième mandat présidentiel. Pourtant, il avait dans un premier temps annoncé son départ pour laisser la place à une nouvelle génération.

« Durant mes services à l’international, j’ai eu à échanger avec plusieurs chefs d’Etat dont certains africains. Je me souviens de ceux qui me disaient : Francine, Kabila ferait mieux de sortir, pas le mandat de trop. Je constate avec tristesse que certains ont fini par tomber dans le piège de mandat de trop. Joseph Kabila a de son côté respecté sa parole d’officier », a également twitté Francine Muyumba, sénateur sur la liste du FCC, la plateforme politique de Kabila, et ancienne présidente de la l’Union panafricaine de la jeunesse.

Pour Marie-Ange Mushobekwa, ancienne ministre des droits humains et membre du FCC, plateforme politique de JKK :

« Le silence assourdissant (qui me parait complice) de la France, des USA, de l’UE et de l’ONU face à la situation politique en Côte d’Ivoire et en Guinée est édifiant. Tous deviennent aveugles et muets. Parce que seule la RDC les préoccupe autant ? C’est pour nous ou pour leurs intérêts ? ».

Un exemple ?

D’après ses partisans, Joseph Kabila est un exemple à suivre dans un continent où la plupart des chefs d’Etat n’hésitent pas à toucher à la Constitution pour se pérenniser au pouvoir. Un point de vue loin d’être partagé par d’autres Congolais. Ceux-ci ont vécu les circonstances ayant entouré le départ de celui qui a dirigé le pays durant 18 ans.

Ces Congolais se rappellent de comment la France, les Etats-Unis, la Grande Bretagne, la Suisse, le Canada voire l’Union africaine… avaient pris le devant dans une vaste campagne internationale contre le troisième mandat de Kabila. Face à la pression internationale relayée sur le plan interne par l’opposition, la société civile dont l’église catholique, le fils de Laurent-Désiré Kabila était-il dans les conditions de tenter un forcing ? Il réussira tout de même à s’offrir deux ans de glissement, avant de choisir un dauphin : Emmanuel Shadary. Mais ce dernier ne fera pas le poids devant deux poids lourds de l’opposition : Félix Tshisekedi et Martin Fayulu.

Opinion internationale

Si hier, des coups d’Etat en Afrique ne pouvaient réussir sans la bénédiction de la fameuse « communauté internationale ». Aujourd’hui, aucun chef d’Etat ne peut tripatouiller la Constitution de son pays sans la bénédiction de la fameuse « communauté internationale », de l’avis presque général.

En 2014, le Burkinabè Blaise Compaoré avait tenté de modifier la Constitution contre la volonté exprimée du président français François Hollande et compagnies. On connaît la suite : la rue, plus tard rejointe par une partie de l’armée, avait réussi à le déloger. Mais le même François Hollande, en 2015, s’est montré tolérant à l’égard de Denis Sassou Nguesso. Ce dernier avait initié la réforme constitutionnelle pour faire sauter la limite d’âge pour être éligible à la présidentielle. La rue de Brazzaville aura beau crier « Sassouffit », mais DSN avait rempilé pour un nouveau mandat de 7 ans.

Pour Ouattara ou Alpha Condé de la Guinée, la communauté internationale semble fermée les yeux, mieux approuve. Et ça marche malgré les contestations internes. Dire que Kabila a quitté le pouvoir de son propre gré en 2018 sans prendre en considération l’opinion internationale, paraît osé, comme argument.

SN

What do you think?

Edité par

Comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Loading…

0

Kinshasa : "le masque me protège d'un rhume, de la covid19 et de la mauvaise haleine de certains clients" (Christian, Mwana vernis)

Haut-Katanga : les pétroliers lèvent la grève