Lors d’une interview exclusive accordée ce jeudi 6 mars 2025 à la Radio France Internationale (RFI), Jean-Marc Kabund, président de l’Alliance pour le Changement, a affiché une posture tranchante sur plusieurs dossiers brûlants de l’actualité politique en République Démocratique du Congo.
Réagissant à l’éventualité d’un gouvernement d’union nationale, il a balayé l’idée d’un revers catégorique : « Le gouvernement d’union nationale ne résoudra rien du tout. » À ses yeux, les défis du pays appellent des mesures plus substantielles, loin des calculs politiques. La libération des prisonniers politiques ne saurait être, selon lui, un levier de tractation : « Ma libération ne peut pas faire objet d’un marchandage politique. »
Sur le plan sécuritaire, Kabund s’est insurgé contre la progression des troupes du M23, dénonçant une situation intolérable et exigeant un désengagement sans équivoque du Rwanda : « Tout le monde doit demander au Rwanda de retirer ses troupes. »
Abordant ses relations avec certaines figures de la scène politique, il n’a pas éludé le cas de Corneille Nangaa : « Si j’avais l’occasion d’avoir les contacts de Nangaa, je l’appellerais et je lui parlerais. » Il établit un parallèle entre les démarches de l’ancien président de la CENI et les crises politiques du passé, insistant sur la nécessité d’éviter de nouvelles effusions de sang en RDC.
Quant à Joseph Kabila, il a préféré une réponse mesurée, affirmant qu’il le considère comme un acteur incontournable du paysage politique national. En revanche, il a affiché une distance assumée vis-à-vis de Félix Tshisekedi, précisant qu’il ne prendrait pas l’initiative d’un dialogue, sauf si ce dernier le sollicitait.
Sans se projeter explicitement sur les élections de 2028, Kabund estime que le cycle actuel du pouvoir reste limité dans le temps et que l’opposition devra se structurer en conséquence. Il n’exclut pas des alliances avec d’autres figures politiques, sans en préciser les contours.
Cette interview, la deuxième depuis sa sortie de la prison de Makala, illustre une stratégie de positionnement dans un paysage politique en constante recomposition. Alors que le régime en place poursuit son mandat, les opposants affûtent progressivement leurs stratégies en vue des échéances futures.
Elie Ngandu