La signature d’une déclaration de principes entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda, vendredi 25 avril 2025 à Washington, sous la médiation des États-Unis avec l’appui de l’Union africaine, de la SADC et de la Communauté de l’Afrique de l’Est, marque un tournant majeur dans la dynamique géopolitique des Grands Lacs. Une avancée saluée, mais à tempérer selon le professeur Dédé Watchiba, spécialiste en géopolitique.
Dans une analyse publiée ce samedi, l’universitaire souligne que si la diplomatie américaine, portée par l’administration Trump, a obtenu un résultat concret là où de nombreuses initiatives avaient échoué, l’accord doit être accueilli avec prudence. « L’histoire politique de la région enseigne que les accords de paix, même bien rédigés, ne garantissent pas à eux seuls la transformation structurelle sans volonté politique forte », rappelle-t-il.
Selon le professeur Watchiba, l’accord offre des « lueurs d’espoir », notamment sur les questions de sécurité, de souveraineté et de retour des déplacés. Mais il avertit contre toute euphorie diplomatique : la RDC doit veiller à préserver ses intérêts économiques et stratégiques à long terme, notamment dans le domaine minier, alors que les États-Unis manifestent un intérêt accru pour les ressources critiques congolaises comme le cobalt et le coltan.
Plus qu’une paix imposée de l’extérieur, le professeur plaide pour une profonde refondation institutionnelle et politique en RDC. Il appelle à la modernisation de l’administration publique, la réforme de l’armée et de la justice, et la promotion d’une gouvernance éthique et compétente. « Il est urgent de rompre avec la banalisation de l’inaction », insiste-t-il, citant la gestion chaotique de Kinshasa comme illustration des défis à surmonter.
Sur le plan géopolitique, Watchiba prévient que le nouvel engagement américain dans les Grands Lacs ne doit pas faire oublier aux Congolais la nécessité d’une défense rigoureuse de leur souveraineté. Il invite ainsi à un « sursaut patriotique » en vue d’une transformation nationale en profondeur, en misant notamment sur l’éducation et la construction d’une citoyenneté responsable.
En conclusion, le professeur Dédé Watchiba affirme que la stabilisation durable de la RDC et de la région passera moins par des accords imposés que par la capacité des peuples africains à reconstruire des États solides et légitimes. Il avertit : « La paix ne se décrète pas ; elle se construit dans la justice, la compétence et la responsabilité. »
S’inspirant de l’écrivain Anton Tchekhov, il lance un appel aux Congolais : ne pas voter pour un médiocre par appartenance tribale, mais choisir des dirigeants éclairés et visionnaires pour éviter que la démocratie ne devienne « une machine d’autodestruction ».
Elie Ngandu