Ce samedi, les Kinois se réveillent difficilement, même si ceux qui sont dans le «qui cherche» ont déjà gagné leur lieu de recherche quotidien de la pitance. Les autres, la grande majorité, cherchent encore à comprendre le report (selon certains) ou l’annulation (selon d’autres) de la mesure de confinement total de Kinshasa prise par le gouverneur de la ville jeudi dernier.
Ce revirement a été annoncé vendredi soir alors que les Kinois venaient de se faire quasiment voler leur argent dans les boutiques, marchés, pharmacies, boulangeries et supermarchés. Des prix des denrées alimentaires et autres biens de première nécessité ont été multipliés par quatre, voire dix. Certains malins ont même caché leurs marchandises, escomptant les vendre encore plus cher mercredi et jeudi de la semaine prochaine, jours de «déconfinement» prévus initialement par l’autorité urbaine pour permettre aux Kinois de se ravitailler.
Ce matin, c’est des Kinois groggy qui se lèvent. Des gens ont fait des pieds et des mains pour trouver un peu d’argent chez des parents ou connaissances. Nombreux ont dû recourir à la «banque Lambert» (emprunt avec intérêt) pour faire face au confinement. D’autres ont carrément hypothéqué leur salaire du mois de mars pour sauver leur famille de la faim. Leurs efforts n’auront finalement servi à rien. Ils ont la nette impression d’avoir été dupés, arnaqués par des dirigeants «irresponsables» et des commerçants «véreux».
Quelques uns demandent des comptes jusqu’au plus haut niveau, estimant que Gentiny Ngobila n’est pas le seul à crucifier et que d’autres acteurs méritent autant que lui de payer. Ils ont non seulement appauvri de nombreux Kinois, mais ils les ont en plus, et c’est plus grave, exposés au coronavirus dans la cohue observée hier dans les longues files dans les marchés, boutiques, supermarchés, boulangeries, pharmacies, sous un soleil de plomb en plus.
Mona Kumbu