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Reprise des cultes : les Kinois envahissent les églises et temples

Ce dimanche 16 août, Kinshasa s’est réveillé plus tôt que d’habitude. Des fidèles des églises catholiques qui retrouvaient leurs paroisses après quatre mois de séparation due à l’état d’urgence sanitaire ont fait le déplacement en nombre pour participer à la première messe, celle de 6 heures. Lavage des mains, prise de température, cache-nez bien en place, ils ont gagné leurs sièges dans des églises où des dispositions ont été prises pour faire respecter la distanciation physique.

C’est ce que nous avons constaté à l’église saint Augustin de Lemba. Nombre limité des fidèles sur les bancs pour assurer une distance d’au moins un mètre entre deux fidèles. Pour le reste, tout était comme d’habitude. Chants d’allégresse pour saluer ces retrouvailles, qui marquent la fin d’un long cauchemar dû au coronavirus.

A la fin de la messe qui aura duré deux heures, soit trente minutes de moins que d’habitude, les fidèles font la causette. Coude contre coude en guise de salutation, on prend des nouvelles de personnes dont on avait perdu la trace depuis des mois. On annonce aussi des mauvaises nouvelles. Des gens essuient quelques larmes. A cause du confinement, certains n’ont pas appris ces mauvaises nouvelles qui ont affecté de nombreuses familles avec la mort de proches, membres de famille, collègues de service, frères ou sœurs de la paroisse.

Pendant que les premiers heureux de la messe de 6 heures dévissent pour refaire les liens distendus pendant le confinement, ceux des fidèles de la deuxième messe se ruent pratiquement dans l’église pour occuper les places disponibles. La réduction du nombre de fidèles autorisés pour cause de distanciation physique a contraint l’église à diviser pratiquement par deux sa capacité d’accueil. D’où bousculades pour accéder dans l’église et impossibilité pour le protocole d’assurer la prise de température chez tous.

“Le pays a besoin de nos prières”

A la sortie de la messe, Jean, un fidèle, explique : « C’était prévisible, cette bousculade malgré les mesures prises pour assurer un bon encadrement. Les gens ont été privés de messe durant quatre mois pratiquement. Aujourd’hui, c’est comme une sorte de résurrection pour eux. Tout le monde voulait être là. Heureusement, rien de bien grave ; le service de protocole a su bien gérer la situation. En tout cas, moi je suis content d’avoir pris part à cette première célébration eucharistique post-état d’urgence ».

Rachel, jeune fille, habillée comme pour un grand jour, cheveux bien coiffés exulte : « Elle était très belle la messe. La chorale a bien chanté. Je suis heureuse de retrouver mon église. Prier avec les autres, c’est toujours important, même si on peut le faire seul à la maison. Dieu n’a-t-il pas dit, là où deux ou plus sont rassemblés en son nom, il est avec eux ?».

Si les grandes églises ont pu, tant bien que mal, faire respecter la distanciation physique, il n’en a pas été toujours possible ou facile pour les petites églises de réveil. Les lieux de culte sont déjà parfois si petits que tout devenait quasi impossible à réaliser. Réponse d’un fidèle d’une église de réveil à Lemba : « On sait que le général Kasongo a promis de lancer des policiers en tenue civile pour contrôler. Mais comment refouler des gens qui viennent prier ? Ce serait un péché et une façon bête de perdre des fidèles. L’Etat doit tenir compte de ça au lieu de cibler seulement les églises alors que dans les bars et terrasses, les gens ne portent pas de masque et n’observent pas la distanciation physique d’au moins un mètre ». Et, une fidèle d’ajouter : « Le pays a besoin de nos prières aussi pour avancer. Dieu peut résoudre beaucoup de problèmes dans ce pays. Qu’on nous laisse prier ».

Arrêts de bus bondés

Si les églises et temples ont dû déployer un trésor d’imagination pour gérer au mieux l’affluence de fidèles, les moyens de transport en commun ont été fortement sollicités et parfois même débordés. Conducteurs de bus, taxi-bus, mototaxis et autres engins n’ont pas, pour la plupart, respecté le repos hebdomadaire. Malgré un nombre important de moyens de transport sur la route ce dimanche, on a noté des embouteillages à certains carrefours, comme à Lemba Terminus ou Lemba Super.

A Lemba Super, nous avons vu une « moto Guizi » (engin à trois roues muni de sièges pour client) embarquer une bonne dizaine de personnes de toute une famille apparemment, pour une capacité installée de 5 places. Interpellé par un passant sur ce fait, le conducteur n’a eu que ces mots : « Papa, je n’ai pas le choix. Ils ont insisté pour monter tous. C’est une course express, ce qui me fait un peu plus d’argent que pour une course normale ». Qui lui en voudrait de rendre service, même si les règles édictées sont foulées aux pieds ?

Dimanche 16 août, un jour ordinaire peut être dans le calendrier, mais exceptionnel pour de nombreux Kinois. Des hordes de fidèles qui ont pris d’assaut les églises et temples ne voulaient rien rater de cette journée où ils retrouvent leurs curés ou pasteurs. Le climat plutôt clément, ni chaud malgré un petit soleil, ni froid, a contribué à donner à la journée un air de fête grandiose avec des croisements dans les arrêts de bus. Des habitants de Lemba qui vont prier à Limete, ceux de Limete qui vont à Masina, ceux de Masina qui vont à Kalamu, ceux de Kalamu qui vont à Kintambo…

Dieu, dit-on, est partout où des gens sont réunis autour de son nom, mais chacun choisit d’aller prier où il croit être le mieux en symbiose avec son créateur ou là où les « miracles » se produisent le plus souvent.

N’tombo Lukuti

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