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Société civile : gardienne des valeurs ou tremplin politique ? [Édito]

La société civile joue un rôle essentiel dans le fonctionnement d’une démocratie. Elle représente la voix des sans-voix, dénonce les abus et surveille l’action des autorités. Mais parfois, des voix s’élèvent pour s’interroger : certains leaders de la société civile défendent-ils les valeurs citoyennes ou utilisent-ils cette position comme un tremplin vers la politique ?

En RDC, les textes en vigueur définissent la société civile comme un espace apolitique. Pourtant, lors des élections législatives de 2023, plusieurs figures issues de cette sphère se sont portées candidates. C’est le cas de la présidente de la Nouvelle Société Civile du Kasaï Oriental, qui avait intégré un parti politique dans le cadre de sa candidature à Mbuji-Mayi.

Après sa non-élection, plusieurs sources affirment qu’elle aurait démissionné de cette formation politique pour reprendre pleinement ses fonctions au sein de la société civile. Mais le doute persiste. Cette transition entre deux rôles si différents interroge sur la frontière, souvent floue, entre engagement citoyen et ambition politique.

Aujourd’hui encore, elle continue à dénoncer publiquement l’inaction des autorités locales. Malgré son passage en politique, elle garde une posture de veille citoyenne, ce qui lui attire à la fois le respect de certains et les critiques d’autres. Certains estiment qu’elle a perdu sa neutralité, d’autres saluent sa constance.

Le problème, ce n’est pas qu’un acteur de la société civile participe à une élection. La loi ne l’interdit pas. Mais lorsqu’il revient à son ancien rôle après un engagement partisan, la confiance peut être fragilisée. Peut-on encore parler de neutralité ? Et surtout, peut-on continuer à représenter l’ensemble de la population quand on a appartenu à un camp politique ?

Ce cas relance le débat sur le positionnement de la société civile en RDC. Faut-il y rester à vie, ou peut-on faire l’aller-retour entre action civique et politique ? Et si cela est possible, comment garantir que ces retours ne soient pas perçus comme des stratégies d’opportunisme ?

En fin de compte, la société civile est censée rester la conscience de la nation. Mais encore faut-il que ceux qui la dirigent donnent l’exemple. Le mélange des rôles, s’il n’est pas encadré avec transparence, risque d’affaiblir la crédibilité de tout un secteur dont le pays a pourtant tant besoin.

Elie Ngandu

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