Demain lundi 11 mai s’ouvre à Kinshasa, le procès Vital Kamerhe, allié politique et directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi. Accusé de détournement des deniers publics dans le cadre des travaux des 100 jours du président de la République, Vital Kamerhe a l’occasion, devant les juges du tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe, d’éclairer les Congolais sur cette scabreuse affaire de construction de logements sociaux préfabriqués dans laquelle est également impliqué le libanais Samih Jammal et sa société Samibo Congo Sarl. Ce contrat de 57,6 millions USD portait sur la construction de 1500 maisons préfabriquées dans les villes de Kinshasa, Mbujimayi, Kananga, Bukavu et Matadi.
La chaîne de télévision Canal Futur, appartenant à Vital Kamerhe, a obtenu le feu vert du TGI/Gombe pour diffuser en direct les audiences de ce procès. En raison des mesures sanitaires liées au covid-19, Canal Futur a été autorisé à ne déployer que deux personnes sur le lieu du procès. Des spécialistes estiment qu’avec un bon matériel, Canal Futur sera en mesure d’assurer une retransmission en direct des débats. Si cela s’avère impossible, Canal Futur pourrait recourir à un «faux direct», qui est une retransmission décalée des audiences de quelques minutes.
A moins d’un changement de dernière minute, les audiences du procès Kamerhe devraient se tenir en chambre foraine à la prison de Makala où est détenu Vital Kamerhe depuis le 08 avril dernier.
Le procès qui s’ouvre aujourd’hui permettra aux Congolais d’en savoir davantage sur cette affaire qui tendait à ternir l’éclat du quinquennat de Félix Tshisekedi. La justice y est allée assez promptement dans le traitement de ce dossier. On espère que le ministère public a réuni assez d’éléments à charge de Vital Kamerhe, ses avocats ayant, à plusieurs reprises, affirmé que le dossier était plutôt maigre.

Des alliances testées
Le procès qui s’ouvre demain lundi est aussi important dans la survie des alliances politiques actuelles. Vital Kamerhe est, à n’en point douter, le seul vrai allié important de Félix Tshisekedi, avec qui il avait créé Cap pour le changement (CACH) le 23 novembre 2018 après avoir retiré leurs signatures de l’accord de Genève créant Lamuka, plateforme électorale créé le 11 novembre entre Jean-Pierre Bemba, Martin Fayulu, Freddy Matungulu, Adolphe Muzito, Moïse Katumbi, Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe et ayant abouti à la désignation de Martin Fayulu comme candidat commun de l’opposition.
Si le président de l’Union pour la nation congolaise (UNC) est reconnu coupable des faits lui imputés, il pourrait être condamné à une lourde peine de prison. Il serait sans doute écarté de la course à l’élection présidentielle de 2023 alors que l’accord de Nairobi prévoyait une candidature tournante entre les deux alliés de CACH, Félix Tshisekedi se présentant à l’élection de 2018 avec le soutien de Vital Kamerhe, ce dernier devant briguer la magistrature suprême en 2023 avec le soutien de Félix Tshisekedi.
Devant la barre dès demain, Vital Kamerhe est sans doute la première grosse pointure politique occupant de hautes fonctions à expérimenter la nouvelle vigueur de la justice. Dans la rue et les réseaux sociaux, on qualifie cela d’état de droit. C’est donc un procès pour l’exemple qui s’ouvre demain. Si le plus proche collaborateur du chef de l’État et son allié politique quasi unique et véritable est en difficulté devant la justice, que ne peuvent faire les magistrats? D’autres, vont peut-être suivre. Encore faut il que le procès soit juste et équitable.
N’tombo Lukuti