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Combien des Congolais savent que Joseph Kasa-Vubu, le premier Président de la République, totalise à ce jour cinquante ans sous terre ? Journaliste, je me suis amusé à poser cette question à quelques compatriotes. Sur dix personnes interrogées, trois (des personnes âgées) ont répondu correctement, le reste, des jeunes, ne savent rien.
Et pourtant, l’histoire politique de la RDC renseigne que Joseph Kasa-Vubu, cet ancien du Grand Séminaire de Mayidi, reste un modèle et une référence en matière d’honnêteté et de bonne gouvernance.
Chef de l’Etat, il retournait au Trésor public le reste de ses frais de mission. Lorsque l’actuel chef de l’Etat congolais, Félix-Antoine Tshisekedi, a reversé le reste de ses frais de mission après sa tournée en Angola, Kenya et Congo-Brazzaville, tout le monde avait le même refrain : il a suivi l’exemple du président Kasa-Vubu.
Tout le monde, politicien ou acteur de la Société civile se rappelle de cet homme sorti de la scène politique les mains propres comme il est entré. Mais dans la pratique, tous les régimes qui se succèdent en RDC ne font rien pour “enseigner” à la nouvelle génération, les valeurs prônées par cet homme.
En 1960, lors de la tenue de la Table ronde où l’on négociait l’indépendance de la RDC, il avait exigé la libération de Patrice- Emery Lumumba, avant la tenue de ces assises de Bruxelles. Et pourtant, ils étaient des “ennemis” jurés sur terrain. Dans un pays où l’exclusion est devenue une recette, quel acteur politique congolais peut poser un tel geste aujourd’hui ?
Questions : pourquoi cet homme est-il jeté dans les oubliettes ? Pourquoi en ce jour de dimanche où l’on célèbre les 50 ans de sa mort, les autorités congolaises n’ont pas organisé une messe en sa mémoire ? Comment peut-on prétendre combattre les antivaleurs sans promouvoir les valeurs morales incarnées par Joseph Kasa-Vubu ?
Si le régime Mobutu avait effacé les traces de Joseph Kasa-Vubu dans les annales de l’histoire de la RDC pour des raisons connues et que le régime de Laurent-Désire a fait de même avec Mobutu, Félix-Antoine Tshisekedi, qui a fait de la lutte contre les antivaleurs son cheval de bataille, devrait réhabiliter la mémoire de “mbuta” Kasa-Vubu.
Si son nom a été oublié volontairement ou involontairement sur la liste des héros ou encore si la date de sa mort n’est pas célébrée comme celles de Lumumba ou de Laurent Kabila les 16 et 17 janvier de chaque année, rappelez ne fût-ce que son nom à la mémoire collective, surtout aux jeunes. Sinon tous ces discours véhiculés, et prônant la réconciliation nationale sont creux.Rombaut Kasongo
