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Ebola terrasse à l’Est, silence à Kinshasa

Lorsque le cabinet du ministre de la santé avait annoncé le 25 mars dernier que la maladie à virus Ebola, qui sévit dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), a franchi le cap de 1.000 cas détectés, avec à la clé plus de 600 personnes décédées, d’aucuns avaient cru que les autorités congolaises allaient décréter une mobilisation générale. Ou qu’un Conseil de ministres extraordinaire allait être convoqué pour parler de ce drame. Ou encore qu’une cellule de crise allait être mise en place au niveau du ministère de la Santé. Silence à Kinshasa.  Même le célèbre virologue congolais, Dr Muyembe Tamfum, ne semble pas être mis à contributions par le gouvernement comme lors des précédents.

« L’épidémie vient de franchir le cap des 1 000 cas (…) Si elle n’est pas rapidement endiguée, elle risque de mettre à mal le système de santé du pays, déjà extrêmement fragile », a déploré dans un communiqué, Thomas Simon, directeur de Medair, une ONG qui intervient en RDC depuis 22 ans.  Même l’appel des partenaires internationaux qui se battent aux côtés des médecins et infirmiers congolais n’est pas entendu.

Déjà la veille, le ministère congolais de la Santé, a fait état de 999 cas, dont 934 confirmés et 65 probables depuis le début de l’épidémie. Le nombre de décès était de 625 samedi et le nombre de personnes guéries de 320. Ce bilan a grimpé dimanche et franchi le seuil des 1000 cas, après la mort d’un nourrisson de six mois.

C’est depuis plus de sept mois que personne ne répond aux cris de détresse des compatriotes qui vivent dans la province du Nord-Kivu où sévit la maladie à virus Ebola. « Cela fait maintenant sept mois que le ministère, les ONG ainsi que d’autres partenaires de santé ont déclenché une riposte contre Ebola, virus qui se transmet par les fluides corporels dès l’apparition des premiers symptômes, souvent confondus avec ceux du paludisme ou du choléra », dénoncent certains experts du Ministère de la Santé.

L’Etat de droit, c’est aussi le droit aux populations congolaises de bénéficier de bonnes conditions de vie  sur le plan sanitaire. Ce droit leur est d’ailleurs reconnu par l’article 47 de la Constitution de la RDC qui stipule : « Le droit à la santé et à la sécurité alimentaire est garanti ».  Pourquoi les autorités congolaises (anciennes comme nouvelles) font la sourde oreille sur cette épidémie qui tue des centaines des compatriotes dans l’Est du pays ? La lutte contre la maladie à virus Ebola est devenue l’affaire seule du ministre sortant de la Sante, Dr Oly Ilunga, des ONG internationales et de l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS). Il y a quelques semaines, le parton de l’OMS émettait des craintes sur le risque de voir la maladie se répandre dans toutes les provinces de l’Est de la RDC ou ne traverse les frontières congolaises. A Kinshasa, personne n’a réagi aux craintes émises par l’OMS.

Pendant la campagne électorale, l’actuel président de la RDC, Félix-Antoine Tshisekedi, avait promis qu’il allait ramener la paix dans le Grand Kivu s’il était élu. Au-delà de l’insécurité provoquée par les groupes armés, il devrait considérer l’attaque de la maladie à virus Ebola comme une insécurité sur le plan sanitaire. 

Le nouveau locataire du Palais de la Nation qui avait connu quelques difficultés notamment à Beni et Butembo lors de la campagne électorale, ne doit pas donner l’impression de « punir » les compatriotes qui vivent dans cette partie du pays pour des raisons politiques. Dans son premier discours après son élection le 30 décembre, Félix-Antoine Tshisekedi avait promis d’être « le Président de ceux qui avaient voté pour lui et de ceux qui n’avaient pas voté pour lui ».

Elu Président de la République, Fatshi devra montrer qu’il est vraiment le garant de la Nation, le protecteur de tous les Congolais… Sinon, cette question  lui sera posée un jour : « Je t’avais donné le pouvoir, pourquoi n’avais-tu pas secouru les populations de l’Est de ton pays ? » L’un des péchés du régime précédent, était celui de garder silence même quand le peuple criait au secours. 
RKM

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