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Dans l’univers de la déforestation dans le Pool

Jadis considéré comme grenier de la ville de Brazzaville, le département du Pool ne peut plus se targuer de cette appellation. Et pour cause, les conflits socio-politiques qui ont secoué le pays pendant un bon moment ont amené les populations locales à se désintéresser de l’agriculture et à se rabattre sur le marché le plus offrant et le plus accessible :  le charbon de bois et le bois.

La localité de Nkamou, située à environ 75 km de la ville de Brazzaville, en est une illustration. L’exploitation forestière artisanale, la production de bois de chauffage, de bois énergie (charbon de bois) sont des activités pratiquées par la plupart des habitants de cette contrée. 

Bakekolo Eveline, une dame dans la trentaine et mère de plusieurs enfants, a cessé le travail des champs depuis belle lurette. Désormais, sa maisonnée vit de la vente du charbon de bois qu’elle produit elle-même. « Je sais bien que couper les arbres ce n’est pas bien. Mais qu’est-ce que nous on peut faire ? Nous sommes au Pool, et dans ce village, cette activité est la meilleure puisque les jeunes n’ont rien d’autre à faire, aucune autre activité. On ne fait que des fours comme ça », argumente-t-elle.

Comme elle, un autre habitant du Pool, ancien milicien, affirme que la vente du charbon de bois produit localement constitue désormais sa seule source de revenus. Il en profite pour interpeller le gouvernement congolais.

« L’état doit arranger ce problème. Il n’existe pas d’école dans le Pool. Nos enfants souffrent ainsi que nous les parents. On ne fait que des charbons de bois si on veut gagner un peu d’argent. Car si on ne fait pas les charbons de bois, on ne peut gagner de l’argent. Et quand tu voles, on te coupe la main. Même les charbons de bois qu’on fait si, on te voit avec des cheveux comme les miens on t’arrête sous prétexte que tu es Ninja (milice du Pasteur Ntoumi). Et quand la police t’arrête, elle saisit tous les sacs de charbon de bois, et te prend tout l’argent. Donc l’état doit arranger ce problème au plus vite possible ».  

Pour rappel, la localité de Nkamou comme bon nombre des localités situées dans le Pool, est une des victimes des événements socio-politiques de 1997, 1998, 2000 et encore récemment en 2015, qui ont secoué ce département. Des bruits de bottes qui ont vu des milliers d’hectares de forêts et d’arbres disparaitre aux coups de haches et tronçonneuses pour faire vivre les fours à charbon qui sont légions dans la région.

A la question de savoir s’il existe une politique pour empêcher ce phénomène, Nina Cynthia Kiyindou, en charge du programme Ressources naturelles et droits des communautés forestières à l’observatoire congolais des droits de l’homme OCDH, explique qu’il n’en existe pas. Par contre, il existe une stratégie nationale REDD, qui a été adoptée et qui a commencé à être mise en œuvre. À ces diverses stratégies, l’on peut compter la présence des projets de retour à l’agriculture ou encore à l’élevage mis sur pied par certains habitants. 

Ruphin Kinanga est un jeune entrepreneur originaire du Pool qui a décidé de s’installer à Nkamou pour y créer un centre agricole et d’élevage. Son objectif est de persuader les habitants de ce village d’arrêter l’activité de charbon et de retourner aux travaux champêtres. 

 « Depuis la fin de la guerre, les populations n’ont plus les moyens pour retourner faire les champs et attendre au minimum une année. Donc elles se sont lancées dans la production du charbon. Voilà pourquoi nous avons ramené ce projet à Nkamou pour essayer de convertir actuellement les femmes productrices de charbons en éleveuses de pondeuse », explique-t-il brièvement.

Cette initiative certes saluée par la population, n’a pas encore connu l’engouement souhaité par son promoteur, encore moins l’adhésion espérée. Chantal Loumouamou, une habitante de Kamou, explique la difficulté du retour à l’agriculture dans l’immédiat. Pour elle, la survie au quotidien et celle de sa maisonnée dépend du charbon de bois. Attendre que les cultures maraichères arrivent à maturité afin de les revendre serait un supplice pour elle ainsi que pour bon nombre des villageois. La quête ou la lutte pour la survie au quotidien reste la raison principale avancée par les habitants de Nkamou pour justifier la destruction des forêts.

Des conséquences incalculables sur l’environnement

La destruction des forêts du Pool par la coupe pour le bois de chauffage et pour la fabrication de bois énergie (charbon de bois) démontre à suffisance l’acharnement de l’humain sur la nature. Et cela, avec les impacts et autres conséquences qu’il a sur l’environnement. Nina Cynthia Kiyindou YOMBO, la Chargée des Ressources naturelles à l’Observatoire Congolais des Droits de l’Homme l’explique: 

« Le département du Pool est parmi les départements les plus stratégiques parce qu’étant très proche de Brazzaville. Il n’est pas rare de voir au bout de quinze minutes dix à vingt camions chargés de bois ou de charbon de bois en train de circuler.  C’est pour dire que la question est vraiment cruciale en ce qui concerne le département du Pool.  Le phénomène de la déforestation est bien là, il y a des zones où il y avait la forêt avant et maintenant, il n’y a plus de forêt. La forêt a disparu. Pour dire que la question se pose avec acuité en ce qui concerne la déforestation dans le département du Pool ». 

La situation constatée dans le village de Nkamou n’est pas isolée. Tout le département du Pool est impacté par la déforestation. Cela est visible sur une carte trouvée a sein des bureaux de l’OCDH. Celle-ci porte sur les concessions forestières et aires protégées en République du Congo. L’on peut y voir que le département du Pool ne compte plus à ce jour que deux forêts situées dans les villages de Ktembo et Bangou, une situation assez interpellatrice sur la deforestation de la région.  Une situation qui a aussi un impact sur l’environnement. 

Les demandes d’entretiens au ministère du tourisme et de l’environnement sur la politique officielle de l’Etat Congolais sur la question n’ont pas abouties jusqu’au moment du bouclage de ce reportage.

Reportage dans la localité de Nkamou de Rosie PIOTH et Berdy Pambou, grâce au soutien de Pulitzer Center et Rainforest Journalism Fund.

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