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ESU – UOM: allégeance politique, la chasse aux scientifiques, un nouveau faux procès contre le comité Cibaka (Enquête de James Mushiya)

L’université officielle de Mbujimayi est à nouveau sur la sellette. Et comme il y’a plusieurs mois, ce n’est pas à cause de ses prouesses scientifiques ou sa participation au progrès de la société, dans le cadre de ses missions traditionnelles. En effet, les autorités de l’institution sont la cible des attaques coordonnées sur les réseaux sociaux, leur gestion étant vigoureusement critiquée par certains internautes, y compris certains membres de la presse.

Il est porté à leur charge “l’année élastique, la guerre contre le personnel scientifique, le non versement de la prime locale et une allégeance politique à certains cadres de l’opposition. Les trois derniers griefs étaient souvent évoqués lors de la crise d’août et de septembre 2022, mais s’étaient révélés farfelus et comme faisant partie d’une campagne de désinformation.

Etant donné l’occurrence de ces allégations, notre rédaction a enquêté sur certains faits et actes de gestion de l’Université Officielle de Mbujimayi, dans lunique objectif d’éclairer l’opinion publique.

Année élastique : les raisons et les remèdes

À son entrée en fonction, sur demande des membres de la communauté universitaire, le comité de gestion dirigé par le recteur Apollinaire Cibaka Cikongo a mis en place plusieurs réformes. L’objectif était de redorer le blason ternis de cette institution réputée dans la région et au pays comme le bastion des anti valeurs de tout genre. Dans cette optique, les mesures phares étaient notamment l’assainissement du personnel, la rationalisation de gestion financière, l’instauration du système d’évaluation par anonymat et l’attribution des cours aux professeurs.

Alors que tout semblait être sur les rails, la grève des enseignants au début de l’année académique 2021-22 vient tout perturber, entraînant quelques disfonctionnements. L’UOM qui n’a qu’une trentaine de professeurs propres, a dû attendre plusieurs mois pour recevoir les premiers visiteurs. Certains de ces enseignants ont pris des mois pour envoyer les côtes des étudiants. Conséquence, l’année a tiré en longueur, créant ainsi des inquiétudes dans le chef des apprenants. Cette année, a-t-on appris, il sera fait obligation aux visiteurs d’examiner les étudiants et de laisser les côtes avant de partir.

D’autres raisons expliquent cette situation. La centralisation de la gestion des épreuves par une commission d’anonymat y est pour quelque chose. Débordée, cette équipe de techniciens a dû mettre plusieurs jours pour traiter certains dossiers. Au comité de gestion, on rassure que “la commission sera décentralisée cette année au niveau de chaque faculté”.

La troisième raison, d’après notre enquête, est le démantèlement d’un réseau de production de fausses preuves de paiement des frais d’études. “Au moins 500 faux bordereaux ont été découverts”, renseigne l’administration du budget. Ce qui a rendu complexe le contrôle des frais et a retardé la délibération de certaines promotions. Pour y remédier, le comité de gestion a créé, cette année, un guichet avancé de paiement de frais, un système entièrement contrôlé par l’université et qui permet d’assurer un suivi quotidien du paiement des frais par les étudiants qui vont disposer chacun d’un matricule.

L’année académique 2021-2022 a été celle de la généralisation du système LMD. Malheureusement, certaines maquettes de cours sont arrivées en retard, ce qui a eu également une incidence directe sur la durée de l’année, surtout dans les promotions de recrutement.

Enfin, certains chefs de travaux, pour des raisons inavouées avaient refusé d’encadrer les finalistes pour la rédaction des TFC et TFE, avant d’y être contraints par l’autorité académique.

Guerre contre les scientifiques” : un faux procès au comité

Ubuesque que cela puisse paraître, l’on reproche au comité de gestion de l’UOM de faire la “guerre” au personnel scientifique (chefs de travaux et assistants). Pour une université qui n’a qu’un peu plus de 30 professeurs propres, les chefs de travaux et assistants constituent un socle indispensable pour l’agrandissement du corps académique. Entrer gratuitement en conflits avec eux serait suicidaire.

Cependant, aucun fait ou acte de gestion de la part du Recteur et de son équipe n’a pu confirmer cette allégation. Au contraire, au regard des éléments en notre possession, les mesures prises par les autorités académiques ont plutôt contribué à promouvoir les chefs de travaux et les assistants, notamment à travers des bourses d’études post universitaires. D’ailleurs, il y’a 2 jours, le Recteur Cibaka a obtenu 3 autres bourses doctorales pour son personnel scientifique, avec possibilité d’aller en Espagne pour des recherches.

Et pour leur permettre de se concentrer pleinement à leurs études, la décision avait été prise de ne pas les nommer dans les cabinets administratifs et d’attribuer les cours uniquement aux professeurs. Exception faite pour les chefs de travaux et assistants détenteurs du diplôme d’études approfondies. De manière générale, ces mesures ont été saluées par les concernés. Cependant, une petite frange parmi eux n’a jamais concédé le fait de se voir dépouiller de “leurs cours”. Ils seraient, depuis, “entrés en guerre contre le comité de gestion et ses initiatives, salutaires ou pas”.

Primes locales et gestion financière

Au terme de l’article 303 de l’instruction académique 024 du ministre de l’enseignement supérieur et universitaire, “la prime locale constitue une indemnité de transport. Elle est alloué au personnel actif…”. À l’UOM, le personnel, toutes catégories confondues, recevait cette prime trois fois l’an, avant l’entrée en fonction de l’actuel comité de gestion. Depuis 2021, le Recteur Cibaka et son équipe ont décidé de mensualiser le versement de cette allocation, de la doubler voire tripler.

L’augmentation a été spectaculaire pour certains corps. Leurs primes sont passées du simple au double en l’espace de quelques trois mois. Ils la perçoivent 10 fois par an, l’équivalent du nombre de mois d’activité d’une année académique. Selon nos sources, seul le mois de mars n’a pas encore été payé à l’UOM cette année. Janvier et février étant considérés comme des mois de vacances.

Concernant les frais d’études, ils sont fixés chaque année par le ministre de l’enseignement supérieur et universitaire. Leur ventilation : minerval, frais connexes, construction, travaux pratiques, tout est clairement spécifié dans les instructions académique édictées par l’autorité de tutelle. Les informations selon lesquelles le comité aurait ajouté certains frais se sont avérées fausses et relèvent visiblement de la manipulation de l’opinion.

Politisation de l’université : un mal à soigner

Depuis l’époque de Mobutu, l’université congolaise, jadis un haut lieu de la science, a été malheureusement transformé en un incubateur des états-majors politiques. Les nominations, promotions en grade ou attribution de certains cours “juteux” se faisaient, dans la plupart des cas, sur la base de l’appartenance politique et tribale. Une mentalité qui s’est encrée dans certaines personnes qui ont du mal à concevoir aujourd’hui que les autorités académiques soient uniquement des scientifiques.

C’est ce à quoi on assiste depuis l’avènement de l’actuel comité de gestion à la tête de l’UOM. Des journalistes et quelques enseignants (principalement des chefs de travaux et assistants), se réclamant membres de certaines formations politiques, revendiquent la paternité de l’UOM et collent des tendances aux uns et aux autres. Et comme pour s’attirer la sympathie de l’opinion, largement acquise au président de la République, ils accusent, sans présenter de preuve, l’actuel comité de gestion d’être proche de l’opposant Moïse Katumbi. Une allégation qui rappelle la nécessité de transformer l’universitaire congolais, transformé par le force des choses en un simple militant politique.

En définitive, la campagne de diabolisation en cours contre l’UOM et ses dirigeants, serait l’oeuvre de mêmes personnes qui s’étaient déchaînées en 2022, avant d’être déboutées par l’autorité de tutelle. Cette fois, ils ont recruté dans la presse et parmi les anciens étudiants, mais leur objectif ultime n’a pas changé : monter les enseignants et les étudiants contre l’actuel comité de gestion, afin de créer le chaos et faire nommer certains membres de leur groupe à la tête de l’institution. “Une entreprise vouée à l’échec”, murmure-t-on au sein de la communauté universitaire.

À ce jour, le grand défi de l’actuel comité de gestion demeure celui de mettre fin à cette année élastique et faire en sorte que les délais soient respectés pour la nouvelle année qui a commencé. Contactées, les autorités académiques ont bien conscience de cette faiblesse et disent leur détermination à y remédier. D’où la série des mesures évoquées ci-haut et dont certaines connaissent déjà un début d’application.

Le tribalisme : l’argument préféré de semeurs des troubles

Dans l’objectif ultime de renverser les autorités actuelles de l’UOM, les semeurs des troubles inventent tous les arguments, même les plus répugnants comme l’apologie du tribalisme. Dans leur monde imaginaire, ils prétendent que l’UOM est un patrimoine privé de leur tribu et n’hésitent pas de stigmatiser tout membre de la communauté universitaire qui ne serait pas leur “frère”.

Une attitude contraire à la vision républicaine et nationaliste du chef de l’État. Un discours méprisable que tout universitaire devrait dénoncer. Comme le dit souvent le Président de la République Félix Tshisekedi, le tribaliste est un mal qu’il faut extirper de notre société.

Voici différents épisodes dans la guerre artificielle entre un groupe d’une dizaine de scientifiques de l’Université officielle de Mbujimayi et le comité de gestion Cibaka :

1. Le renvoi de 94 assistants indûment engagés, c’était entre juillet et août 2021. Pour ce groupe, il fallait qu’on laisse des assistants sans aucune qualification continuer de donner des enseignement à l’UOM. Il faut noter que parmi ceux qui ont été renvoyés, certains ont été nommés en étant gradués.

2. Le retrait des cours et l’envoi obligatoire aux études avec bourses: c’était au début l’année académique passée, entre janvier et février 2022. Pour ce groupe, il ne fallait pas qu’on remette la direction des cours aux professeurs qui sont pourtant leurs maitres. Pour eux, donner cours était avant tout une affaire de “commerce” et un moyen de pression sur les étudiants, au détriment de la qualité.

3. La crise de l’ancien AB entre Août et septembre 2022: ce groupe s’était solidarisé avec leur collègue de façon automatique, sans jamais se poser des questions sur le fond du dossier. Heureusement, que le ministre qui avait dépêché une commission d’enquêtes avait tranché.

4. La prime de janvier et février 2023: nous l’avons dit, ces deux mois sont considérés comme des mois de vacances. Les enseignants ont déjà touché toutes leurs primes de l’année passée. Le comité doit leur verser la prime de mars

5. La démission de Justin Kalama: victime de la pression et des intimidations du même groupe qui voulait lui faire endosser une déclaration belliqueuse, mensongère et fabriquée pour le besoin de la cause.

Et dans tous ces épisodes, chaque membre de ce groupe a un mobile personnel pour mener la guerre au comité : règlement de compte personnel, agenda politique, velléité tribale…

Enquête de James Mushiya

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