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Kagame malade ? Kagame mort ? Kagame ressuscité ? Kagame vivant ?

Chronique de la vie à Kinshasa

Cher cousin,

Il y a quelques jours, un «opposant» rwandais en exil, déclarait, sur Vox Africa, une chaîne diffusée sur canal plus Afrique, que Paul Kagame était mort. Sérieux comme un pape, cet «opposant» apparemment un prêtre défroqué, laissait entendre que le gouvernement rwandais était désemparé et cherchait comment annoncer la nouvelle.

Cette «révélation» a trouvé un terreau propice dans les réseaux. De nombreux internautes confirmaient l’information, faisant même savoir que la lutte pour la succession était ouverte et déjà rude. Toutefois, parmi les probables successeurs, un nom sortait du lot : Louise Mushikiwabo. Ancienne ministre rwandaise des affaires étrangères, la dame est depuis près de deux ans secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie.

Les Congolais ont, eux aussi, largement participé aux débats sur cette information. Paul Kagame mort, des Congolais croient que cela résoudrait bien de problèmes du pays, particulièrement l’insécurité créée par les groupes armés, l’exploitation illicite des minerais du pays et leur transfert illégal vers le Rwanda d’où ils sont exportés sans que la RDC ne bénéficie de la manne.

Coup de théâtre quand mercredi dernier, le président Kagame pourtant déclaré «mort» sur les réseaux sociaux, apparaît présidant en visioconférence, une réunion du gouvernement. Même cela n’a pas convaincu les plus sceptiques ou les plus extrémistes qui ne juraient que par la confirmation de la rumeur visant le maître de Kigali. Pour nombre d’internautes, les images de ce conseil des ministres n’étaient qu’une manipulation de plus pour cacher aux Rwandais le décès de leur président.

Coup de théâtre hier dimanche quand des images «animées» dans un talk-show télévisé sont diffusées et en direct. Paul Kagame répond aux questions de ses concitoyens. Il parle entre autres de sa mort annoncée, des relations Rwanda-RDC, du rapport mapping des Nations unies sur les crimes commis en RDC, particulièrement dans l’Est.

Mon cher cousin, je dois t’avouer que j’ai perçu la déception dans de nombreux tweets et posts des Congolais pendant et après cette émission. Certains prennent avec philosophie la «résurrection» de Paul Kagame, tandis que d’autres maudissent je ne sais qui de ne pas l’avoir terrassé… «définitivement».

Un gars m’a tout de même assuré, très confiant : «Il ne va pas bien. Tu ne vois pas qu’il a maigri ? Il n’en a plus pour longtemps. Le mal dont il souffre est sérieux. Il doit être en phase terminale». Je lui ai tout simplement répliqué : « Tu es chrétien. Tu ne dois pas souhaiter la mort, même de ton pire ennemi». Et lui de me répondre : « Dieu est juste. Il ne peut que me pardonner. Ces morts de Kasika, de Makobola, ces crimes commis au Kongo central, ces morts causés à Kinshasa avec la coupure de la fourniture de l’électricité du barrage d’Inga sont réels. Il doit payer de sa vie pour ça».

J’ai compris que la colère est bien là, les plaies toujours ouvertes et donc pas encore cicatrisées. Il faudrait davantage que de simples mots pour effacer (?) cette mauvaise image du Rwanda chez les Congolais.

Pour l’heure, on doit bien se rendre à l’évidence que Paul Kagame n’est pas mort, en tout cas pas encore et que ses obsèques ne sont pas encore à l’ordre du jour. Il est peut être malade, en soins quelque part dans le monde ou même à Kigali, mais il est là, vivant, du moins si on en croit les images d’hier. Il sera peut-être présent au sommet des chefs d’État de la région prévue à Goma et qui réunira les présidents de RDC, du Rwanda, d’Angola, du Burundi et de l’Ouganda.

Beaucoup vont scruter ses moindres faits et gestes pour déceler le moindre indice sur l’état de sa santé. S’il ne vient pas à Goma, les extrémistes auront des arguments supplémentaires pour attester qu’il est réellement au frigo dans une morgue. Et, même s’il vient, certains sont capables de dire que c’est son sosie, mais pas lui. Difficile de leur en tenir rigueur.
A plus
Tien, Franck

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