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RDC 60 ans après : " La femme peut percer si elle s'oriente assidûment vers les domaines qui l'attire" (Thérèse Umba)

La RDC a fêté, le 30 juin dernier, le 60ème anniversaire de son accession à l’indépendance. Depuis, même si il y a des progrès sur les droits de la femme, sa participation aux affaires publiques demeure très minime. Lisapo.info a donné la parole à Thérèse Umba Kamwa, écrivaine, entrepreneure, penseuse et analyste politique congolaise. Elle donne son regard sur ce diagnostic peu reluisant. Interview ! 

Lisapo : la RDC a fêté ses 60 ans d’indépendance. Votre avis sur le rôle et la place de la femme politique 60 ans après?

Thérèse Umba Kamwa : La femme n’a pas attendu les 60 ans d’indépendance pour apparaître sur l’échiquier politique. La Congolaise joue un rôle politique soutenu depuis toujours. Saviez-vous que sans la femme, les accords inclusifs de Sun City n’auraient pas eu lieu ? Dans l’ombre, mais très influente, la femme congolaise est très présente sur la scène politique. 

Lisapo : Pourtant les statistiques révèlent que 53% de la population congolaise sont des femmes. Mais la participation politique de la femme demeure faible. Selon vous quelles sont les raisons qui empêchent les femmes à s’engager en politique ?

TUK : la politique est un domaine qui demande beaucoup de temps à y consacrer. Contrairement à la femme occidentale par exemple, la femme congolaise met au monde plusieurs enfants. Son souci majeur est d’élever ses enfants. Elle se donne corps et âme à son foyer. De ce fait, elle n’a pas de temps à consacrer à la politique. C’est une attitude très louable. 

Lisapo : Comment pensez-vous remédier à cette situation ?

TUK : Il n’y a pas d’anomalies dans tout cela. Nous ne devrions pas calquer notre société sur d’autres. La femme congolaise fait très bien les choses. Faites plutôt les statistiques de divorces entre chez nous et ailleurs. Vous comprendrez. 

Lisapo : Les femmes préfèrent voter pour les hommes et non pour leurs semblables. Quel est votre avis à ce sujet ?

TUK : La culture prône la sécurité venant du père. Le masculin est adulé en défaveur du féminin dès la naissance. La fille se sentant fragile ira chercher un pilier homme. Heureusement, l’équilibre s’installe. Avec la conjoncture économique déplorable où le père est au chômage, les jeunes actuels qui voient leurs mères en action réalisent l’endurance de la femme qui prend en charge leurs études tout en faisant bouillir la marmite. Suite à cela, les jeunes gens changent de regard en valorisant la maman. Si jamais une femme se distinguait dans le cadre politique aujourd’hui, les jeunes filles n’hésiteraient pas aller vers elle.

Lisapo : Est-il possible qu’il y ait égalité des chances entre l’homme et la femme dans tous les domaines de la vie en RDC ?

 TUK : À mon avis oui. La femme peut percer si elle s’oriente assidûment vers les domaines qui l’attire. Les hommes ne reussissent pas gratuitement tout simplement parce qu’ils sont hommes. Derrière chaque fruit, il y a un labeur.

Lisapo : Est-ce facile pour une femme de faire de la politique quand on sait que c’est un milieu masculin ?

TUK : Non seulement, les hommes ont déçu les hommes, la mentalité a remarquablement évolué surtout à cause de la conjoncture économique comme je l’ai dis plus tôt. Le problème du milieu politique géré par les hommes ne se pose plus. C’est plutôt une question de la disponibilité de la femme qui manque souvent de temps. 

Lisapo : Qu’est-ce qui, selon vous, empêchent les femmes d’évoluer en politique ? Manque de moyens ? Lois non adaptées ? Mauvaise foi des hommes ?

TUK : Ne cherchons pas de bouc-émissaire. La femme congolaise est au four et au moulin dans le maintien de son foyer. En ce qui concerne les moyens, ils manquent à tous. C’est la raison pour laquelle la classe politique reste la même parce que ce sont les mêmes gens qui ont acquis des ressources financières. Nos lois ne sont pas sexistes, car elles prônent la parité. 

Lisapo : On trouve depuis près de deux ans une femme présidente de l’Assemblée nationale, des femmes aux plus hautes charges dans le gouvernement. Est-ce dû au mérite ou à une sorte de discrimination positive ? 

TUK : On parlerait de la discrimination positive s’il s’agissait d’une femme parachutée. La présidente de l’Assemblée nationale a un parcours brillant et un bagage intellectuel. Elle mérite la place qu’elle occupe.

Propos recueillis par Adrien Kenge

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